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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/617

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RÉSULTATS OBTENUS 605

Voici l'énoncé même de la loi :

La divinité frappe de sa foudre les êtres les plus j?rands et les empêche de s'épanouir; les petits au contraire la laissent indifférente. Les hautes demeures et les arbres élevés sont surtout atteints par ses traits; car Dieu aime à briser ce qui s'élève 1.

Toute faute attire à Ttiomme une punition, mais surtout l'orgueil, qui est la faute irrémissible ^. La punition mé- ritée est inévitable; rien n'échappe à la divinité ^ : les oracles mêmes et les présages, mal compris du coupable, le trompent et le poussent à sa perte. Au total, tout est mené, dans les choses humaines, par la volonté divine *. L'histoire est le règne des causes finales et do la Provi- dence. Le mot même de Providence (xpovoiYi roiî Oeou) est en toutes lettres chez Hérodote ^ C'est une philosophie de l'histoire telle que Socrate l'aurait pu souhaiter.

On voit sans peine la beauté morale de cette concep- tion, qui rappelle celle de Bossuet. Que les faits la véri- fient souvent, cela n'est pas douteux : les conceptions métaphysiques ont presque toujours leur racine dans l'observation de la réalité. Et d'ailleurs, elle a le mérite d'être une loi, c'est-à-dire un principe d'ordre introduit dans la représentation des faits historiques. Par tous ces caractères, elle marque un progrès de l'histoire. Mais on voit aussi, sans qu'il soit besoin d'y insister, la dif- férence qui existe entre cette philosophie et celle d'un Thucydide, par exemple, qui ne cherche pas la loi en dehors des faits, qui travaille surtout, comme Anaxagore,

��1. VIL 10, 5 (Discours d'Artaban).

2. Amasis à Polycrate, III, 40; oracle de Delphes, VIII, 77 ; etc.

3. I, 91.

4. Cf. VIII, 13 : 'Enotéexo te Tcâv unô toO 6at(iov(ou âxcoç av è^iaoïOe^Y^ Tô 'EXXr,vix(j) To IIsp(rixov yi.rfik tcoXXw icXlov eîVj.

5. III, i08.

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