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prédécesseurs, il unit une noblesse et une grandeur toutes nouvelles; ce qu'il n'a pas, c'est la dialectique âpre et passionnée, la véhémence vigoureuse d'un Thucydide ou d'un Démosthène.

Tel est le jugement de tous les anciens. Démélrius le cite à côté d'Homère, de Platon et de Xénophon pourThcu- reux mélange de la force et de la grâce *. L'auteur du Traité du Sublime Tappclle « très homérique ^ ». Athénée ^ lui applique l'épilhète épique iJi^^t'yv^pu;, « à la voix douce comme le miel ». Il est regardé comme un des maîtres de l'éloculion mixte^ tantôt simple et tantôt élevée \ Quin- tilion vante la douceur pure et abondante do son style, son habileté à exprimer les sentiments tempérés ^

Tout contribue chez lui à produire cette impression : mouvement de la phrase, choix des mots, dialecte même; et elle subsiste quelle que soit la forme de composition qu'il mette en œuvre, aussi bien dans les discours ou entretiens que dans les récits proprement dits.

Hérodote écrit en dialecte ionien. C'était le dialecte alors on usage à Ilalicarnasse, sa patrie % et l'exemple de ses prédécesseurs en avait d'ailleurs consacré l'emploi dans les ouvrages historiques. L'ionien, chez Hérodote, est plein do voyelles brèves qui, soit à la (in, soit dans le corps des mots, se rencontrent sans cesse : il en a même beau- coup plus que chez Homère, dont le langage est mêlé sans doute d'éolismes. Ces nombreuses voyelles donnaient t\ l'ionien beaucoup de douceur et de grâce naïve. On louait

��1. Do. l'Élocution, 37.

2. *0|iT|pixa)TaTo; (Subi., 13).

3. III, 78, K.

4. Denys d'IIalicarnasso, Arrangement desmoU^c. 24.

5. Quintilien, X, 1, 73. Cf. Gicéron. Orat., 12 : une ttl/is salebris /lui t.

6. Cf., plus haut, p. o63, n. 4. 11 n'eut donc pas besoin do l'appren- dre ù Samos, comme le raconte Suidas.

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