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LES DIDASGALIES 97

comme à Tagora, comme dans les tribunaux, comme partout. Cela même était une partie de l'effet heureux des grandes œuvres tragiques. Elles faisaient vibrer avec force l'âme populaire; elles donnaient l'essor à toutes les puissances d'amour ou de haine qui s'agitaient en elle, et par là, comme l'a senti Aristote, elles la purifiaient *• L'observation ingénieuse du philosophe a dû lui venir à l'esprit au théâtre d'Athènes, un jour que Théodore ou Polos interprétait Euripide.

Une fois le concours terminé, l'archonte en faisait dresser une sorte de procès-verbal sommaire, qui était déposé aux archives. On y trouvait naturellement le titre des pièces, les noms des poètes et des chorèges, ceux des protagonistes (du moins à partir du moment oil ils com- mencèrent à compter) et enfin la sentence des juges ^ A une date plus récente, mais difficile à déterminer, l'usage s'introduisit de rédiger ces procès-verbaux sous forme d^iuscriptions et de consacrer ces inscriptions dans l'en- ceinte du téménos de Bacchus ^ D'autre part, c'était l'habitude des chorèges vainqueurs d'ériger en souvenir de leur victoire un monument, dont la partie principale consislait en un trépied et qui portait une inscription commémorative. Ces diverses inscriptions constituaient une série de documents sûrs, où étaient contenus tous les faits principaux de l'histoire du drame. On comprend aisément quel intérêt ils durent offrir à ceux des anciens qui s'occupèrent de préparer ou d'écrire cette histoire. Aristote fut un des premiers à les recueillir. Il constitua ainsi la collection des Didascalies ou Victoires dionysia- ques *. D'autres l'imitèrent, et l'érudition alexandrine en

1. kù^ioÏQ, Poétique^ c. 6.

2. Boeckh, Cl G, I, p. 350 et Kôhler, Mittheil. d. archeol, Instit. in Athen, III, p. 112 et suiv. et 129 et suiv.

3. GIA II, 972, 973, 974, 975.

4. Diogène Laerce, V, 26. Les ÔtSaoxaXtat d'Aristote sont fré-

Hist. de la Litt. grecque. ~~ T. III. 7

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