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110 GHAPITKE IV. — LA TKAGÈDlE ET SES LOIS

Le premier aspect du chœur et le spectacle même de son déGlé devaient distraire le public, qui était ainsi moins at- tentif aux choses dites. On pensa justement qu'il valait mieux le mettre au courant des faits avant Tentrée du chœur. Ainsi naquit le prologue proprement dit. Si cela eut lieu au temps où le poète ne disposait que d'un seul acteur, ce prologue fut nécessairement un monologue. Nous en trouvons encore un pareil dans VAgamemnon d'Eschyle. Dès qu'il y eut plusieurs acteurs, la forme dia- loguée, plus vive et plus facile, dut être préférée en général. Le prologue devint alors une première scène, ou même tout un groupe de scènes. Il arriva quelquefois dans ce second cas que la pièce débuta encore, comme autrefois, par un monologue, mais suivi d'un dialogue; par exemple les Euménides d'Eschyle. Quand ce monolo- gue prit le caractère d'une exposition préalable, ce qui devint usuel chez Euripide, il constitua une sorte de pro- logue spécial dans un autre prologue plus large ^ Con- tentons-nous d'indiquer sommairement ces diverses es- pèces d'un même genre.

Le prologue mis à part, une tragédie grecque se di- vise en un certain nombre de parties principales appelées épisodes^ encadrées entre des chants du chœur, dont le premier porte le nom àeparodos, tandis que les autres se nomment stasima,

Laparodos (TcàpoSoç) n'est autre chose, comme son nom l'indique^ que le chant d'entrée du chœur *. Normalement, ce chant comprend un développement lyrique d'une cer-

1. Et de là, par un abus de langage» l'habitude des grammairiens grecs de dire que le personnage qui parle le premier débite le pro- logue (irpoXoyîÇei), même quand la pièce commence par un dialogue. Voir par exemple le premier argument d'CEdipe à Colone,

2. Aristote, PoétiquCy c. 12 : IlàpoSo; [xèv y; irptÛTY) XéÇiç ôXt) (mS8. ôXou) [toO] xopoO. Le mot ôXou laisserait supposer qu'il pouvait y avoir avant la parodos d'autres chants du chœur; la correction ôXtj est né- cessaire ; voir Westphal. ouvr, cilé, p. 58. Quand le chœur quittait

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