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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/126

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114 GHAPITKE IV. — LA TRAGÉDIE ET SES LOIS

Euripide. On peut donc la considérer comme un des traits distînctîfs de la tragédie grecque. Celle-ci lui a dû une liberté d'allure très particulière. Le poète, n'étant pas obligé de partager son action en groupes de scènes à peu près égaux, la divisait à son gré, selon les con- venances du sujet. C'était une difficulté de moins qui lui était imposée et la composition dramatique y gagnait en naturel. Il est vraiment remarquable que les Grecs, toujours préoccupés d'équilibre et de symétrie, s'en soient dispensés à cet égard. Quelle qu'en ait été la raison, il semble bien que la tragédie y ait trouvé avantage.

Si rétendue des épisodes était arbitraire, leur nombre n'était pas non plus déterminé très rigoureusement. Au temps d'Eschyle, il est vrai, l'usage tendait à s'établir de considérer comme normal le nombre de quatre sta- sima \ II en résultait que la pièce avait quatre épisodes, auxquels s'ajoutait le prologue, lorsqu'il y en avait un. Par suite, les pièces sans prologue, comme les Sup- pliantes ouïes Perses^ n'avaient que quatre parties, tandis que les tragédies à prologue, comme les 5^;?^, Prométhée, Agamemnon, les Choéphores^ les Euménides^ en avaient cinq. Mais cette habitude semble avoir été presque rejetée par Sophocle, à en juger d'après ses pièces subsistantes. Ajax, Electre etPhiloctète sont les seules de ses tragédies qui présentent la division en cinq parties. Œdipe roi^ Œdipe à Colone elles Trachiniennes en ont six; Antigone en a sept. Euripide, à cet égard, est plus assujetti que Sophocle à une règle fixe. Sur les dix- sept tragédies de ce poète que nous possédons encore, une seule, Electre^ n'offre que quatre parties ; les Béraclides^ les Supplian- tes^ Médée et \e^ Phéniciennes en ont six; les douze autres en ont cinq. On voit par là que ce nombre de cinq, sans

1. Y compris la parodos, qui est assimilable à un stasimoD, en ce qu'elle marque une des grandes divisions de la pièce.

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