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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/14

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2 CHAPITRE I". — PRIMAUTÉ D'ATHÈNES

le déterminer avec précision est la première chose que nous ayons à faire.

La population de TAttique aimait à se dire autochtone. En réalité, elle s*était formée peu à peu par une série presque continue de mélanges, sans invasion brusque ni bouleversements. Une vieille tribu pélasgique, établie sur une presqu'île rocheuse, derrière Tabri du Cithéron et du Parnès, en dehors de la route naturelle des invasions qui va de la Thessalie au Péloponnèse par Tisthme, avait pu vivre là dans une sécurité relative ^ Les étrangers n'avaient eu accès chez elle que peu à peu, en petits groupes, les uns par mer, les autres par terre, quelque- fois en combattant, et quelquefois sans combat : Phéni- ciens, Thraces, Cariens, Lélèges, Minyens, et plus tard, fuyant du Péloponnèse devant les envahisseurs du Nord^ des Py liens et des Achéens. La population primitive, pé- nétrée plus ou moins profondément par ces infiltrations, était restée pendant plusieurs siècles en travail d'organi- sation intime. Elle cultivait un sol maigre, mais non sté- rile, jouissant d'un climat sec et sain, et respirant un air dont la pureté a été souvent célébrée ^.

1. Thucydide, I, 2; Strabon, VIII, 1, 2.

2. Euripide, Médée^ 824. — Jules Girard, Etudes sur l'éloquence attique, p. 57 : « Il y a un si merveilleux accord entre la nature de l'Attique et le caractère des œuvres athéniennes qu'elle semble les avoir inspirées et qu'elle en aide l'intelligence, en provoquant d'elle- même des rapprochements qui nous en rendent les qualités plus sen- sibles. Rien n'explique mieux l'éloquence attique que la lumière d'A- thènes... L'éclat de l'éloquence athénienne, c'est la lumière même du soleil d'Athènes aux heures si belles qu'éclairent ses premiers et ses derniers rayons : rien de plus resplendissant, mais rien de plus doux. C'est un rayonnement puissant qui atteint et pénètre tout sans choc et sans résistance. Alors le soleil d'Athènes inonde les objets de lumière, mais en baigne mollement les contours, de même que les flots bleus de son golfe viennent doucement s'unir au rivage doré de Phalère. Alors tout est lumineux et transparent, tout jus- qu'aux ombres des montagnes; mais aussi tout a sa valeur; les plans divers se dessinent nettement, toutes les formes sont précises

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