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ATHÈNES APRÈS LES GUERRES MÉDIQUES 7

��II

��L'expulsion des Pisistratides en 510 et Tinstitution démocratique qui s'ensuivit, puis, vingt ans plus tard, en 490 et en 480, la grande crise de la guerre médique, deux fois renouvelée et prolongée ensuite par les vic- toires de Cimon jusque vers 450, tels furent, comme cha- cun le sait, les événements qui décidèrent de la primauté d'Athènes.

L'influence qu'ils eurent sur Tâme athénienne fut im- mense. L'orgueil du succès et de la liberté la remplit d'enthousiasme. Victorieuse du barbare, libératrice de la Grèce, maîtresse d'elle-même, Athènes se sentit ca- pable des plus grandes choses. Et, comme elle était dé- sormais l'objet de l'admiration nationale, toutes ses forces s'exaltèrent, comme celles d'un athlète déjà couronné qu'enivre l'attente de la foule.

Mais, indépendamment de cet effet intime, si puissant, les mêmes événements eurent d'autres résultats plus visibles, et peut-être aussi féconds. Contrainte par les besoins de la défense à se créer une puissance navale de premier ordre, Athènes devint la tête d'une importante confédération maritime et en même temps la principale place de commerce du monde grec. Les relations d'af- faires provoquèrent les relations d'idées. Il n'y eut pas de ville plus fréquentée par les étrangers. On y vint de toute part, d'abord pour commercer, puis pour voir, bientôt pour être vu. La foule attire la foule. Cette af- fluence, ce mélange des races, ce mouvement d'affaires, cette importation perpétuelle de marchandises, de modes, de religions, de talents, tout cela formait le plus varié des spectacles. Les curieux accouraient, et derrière eux ve- naient les gens désireux de se montrer, artistes, savants, inventeurs, sophistes, des hommes de mérite et aussi

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