Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/283

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dans les murs thébains ? Mon âme se tend vers toi du sein de l’effroi, toute palpitante, — dieu des suppliants, dieu de Délos, dieu qui guéris ! — et, pleine de ta crainte, ma pensée cherche, soit en un temps prochain, — soit au cours des ans à venir, ce que tu feras pour nous en ce nouveau besoin. — Dis-le moi, enfant de l’Espérance aux ailes d’or, verbe divin !

« Mon premier appel est pour toi, fille de Zeus, divine Athéna ; — et pour ta sœur, souveraine de notre terre, — Artémis, qui dans le cercle sacré de l’agora, siège sur son trône glorieux ; — puis pour Phœbus aux traits divins, io ! — Tous trois, puissants contre le mal, révélez-vous à nous ! — Et si déjà une première fois, quand un noir fléau s’est abattu sur la ville, — vous avez chassé au loin la flamme de l’ardente souffrance, venez, aujourd’hui encore. »

Cet élan contenu est le caractère du morceau tout entier, avec des nuances dramatiques. À ces deux strophes de prière succèdent deux strophes de plainte : le ravage de la mort dans la cité, avec son horreur ; quelques traits descriptifs, brefs et pressés, des visions de deuil et d’angoisse, qui s’achèvent dans des images d’un sombre éclat :

« L’un après l’autre, Thèbes voit ses enfants, comme un vol d’oiseaux rapides, — plus prompts qu’un jet de flammes dévorantes, prendre l’essor — vers la rive du dieu de l’Érèbe. »

Et dans l’antistrophe :

« La lueur du Péan brille au milieu de la clameur gémissante ; — contre ces maux, fille rayonnante de Zeus, — envoie-nous la douce apparition du salut. »

Ainsi le chant, qui avait passé de la prière à la plainte, revient à la prière, et celle-ci remplit les deux dernières strophes, toujours semblable à elle-même quant au sentiment général, mais plus ardente, plus impérieuse et pressée, jetant son appel aux dieux sur des notes pro-