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238 CHAPITRE VII. — EURIPIDE

peu à peu rédifice de ses réflexions. Elles s'y offrent à nous bien plutôt comme des vues passagères, quionttcnlé un jour son intelligence curieuse, qui Tout charrné à la rencontre, et dont il s*empare un instant, sans adhésion décisive du cœur ni de Tesprit. Aucun homme no prit ja- mais pleine possession de cette nature mobile, aucun enseignement ne le domina. Socrate, qu'on a représenté sans preuve sérieuse comme son ami, a pu ôtro charmé de quelques-uns de ses mérites, mais leurs directions d'esprit étaient en réalité bien diverses: l'un s'enfermait dans la morale, l'autre ouvrait son intelligence à tout; le premier tendait, à travers le doute, au dogmatisme, Tautrc n'acceptait ni terme de recherche ni méthode flxe. Euripide demcura-t-il longtemps avant de se donner tout entier à la poésie ? Malgré quelques traditions peu certaines, nous Tignorons : on dit qu'il fut peintre et même athlète * ; rien n'est moins prouvé. En 45S, à Tâge de vingt-cinq ans, il prit part pour la première fois au concours tragique et y présenta entre autres pièces les Filles de Pé/ias ; il n'obtint que le troisième rang -. A partir de ce moment, il travailla constamment pour le théâtre. Peu favorisé d'abord du public athénien, il ne remporta sa première victoire que quinze ans plus tard, en 440 ^ ; il avait alors quarante ans. Il ne fut vainqueur que cinq fois en tout, dont une après sa mort ^ : ces cinq tétralogies représentent ensemble un quart environ de son œuvre dramatique. Nous ignorons les dates précises de ses victoires, mais de ce qu'il n'obtint la première qu'après quinze ans de luttes^ on est en droit de conclure

1. Vie 1 ; Aulu-Gelle, XV, 20 ; Suidas, l. c.

2. Vie I. Selon Aulu-Gelle (XV, 20, 24), il aurait commencé à écrire des tragédies dès Tàge de dix-huit ans; si cela est exact, il faut ad- mettre que ses premières tragédies furent jouées ailleurs qu'au théâ- tre d'Athènes ou qu'elles ne le furent pas du tout.

3. Marbre de Paros.

4. Aulu-Gelle, /. c. Suidas, /. c.

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