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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/330

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318 CIIAPITUE VII. — EUniriDE

pour Euripideune ressource dramatique, et ses prologues lui servent à Ja mettre en valeur.

On peut en dire autant d'un certain nombre de ses dénouements. Bon nombre de ses pièces se terminent par l'apparition d'un dieu, qui descend du ciel pour arranger les choses ou pour donner une sanction auxévénemonts accomplis. Euripide sans doute, sentant bien que sa trag*6die était peu religieuse au fond et qu'il fallait pourtant qu'elle le fût pour être à sa place dans des fètos qui faisaient partie d'un culte, n'était pas fâché de faire ainsi aux dieux un rôle important en apparence, et très peu gênant pour lui en réalité. En outre, le procédé était commode *; non seulement en ce qu'il permettait de sortir sans difficulté des situations les plus embarrassan- tes, mais aussi en ce qu'il offrait le moyen de faire entre- voir aux spectateurs l'avenir et par conséquent d'arrêter le drame au moment le plus favorable ^. Mais ces raisons n'étaient pas les seules, et, au point de vue de la compo- sition, ces dénouements servaient aussi à rassembler après coup des événements un peu épars, en montrant qu'ils avaient été dirigés par un dessein caché dont un dieu même était l'auteur.

Voilà déjà des moyens, passablement artificiels sans doute, mais efficaces pourtant et à coup sûr ingénieux, à l'aide desquels se constitue dans les drames d*Euripide l'unité indispensable. Il y en a d'autres encore. Lo plus im- portant peut-être, c*est la gradation des effets. Dans celles de SOS pièces où l'unité d'action laisse le plus à dési-

1. C'était son avantage le plas apparent, et c'est pour cela qa'on riaiita beaucoup; Platon, Cratyle, p. 423 : "Û^Tusp oî TpaYO)8o«oio\, èTcsiSàv Ti àTcopw(Tiv, iizX Ta; {i.r,^avàc xaTaçeu^oy^Jt, ôsoù; ai'povTîç.

2. Le drame d'Euripide, avec son prologue, qui a vue sur le passé, et son épilogue, qui est une perspective ouverte sur l'avenir, offre quelque lointaine ressemblance avec la trilogie d'Eschyle. Il laisse aporcevoir par ses deux extrémités une vaste légende, dont il repré- sente un moment.

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