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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/331

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GRADATION DES EFFETS 319

rcr, on peut remarquer que celle autre sorte d'unité, qu'on pourrait appeler esthétique, est toujours soigneuse- ment ménagée. Elle l'est par des moyens divers qu'il se- rait trop long d'énumércr ici, mais qu'il est aisé do dé- couvrir en étudiant chaque pièce. Dans les Troyennes par exemple, la souffrance morale d'IIécube va croissant de scène en scène jusqu'à ce qu'elle se tourne en un res- sentiment implacable qui éclate dans l'invective contre Hélène; le dernier tableau, celui des funérailles d'Astya- nax, qui nous montre l'aïeule prosternée devant le corps brisé de son petit- fils, est aussi le plus navrant. Dans la pièce à'Hécube, où deux actions se succèdent, l'unité esthétique est obtenue d'une manière analogue ; la pre- mière partie de la tragédie, qui a pour sujet le sacrifice de Polyxène, nous peint la douleur maternelle dans ce qu'elle a de plus déchirant ; la seconde, où est représenté le meurtre de Polymestor, nous fait voir cette douleur se transformant par son excès même en une sorte de fureur sauvage. Souvent le poète remplit une partie de son drame avec des souffrances, des inquiétudes, des scènes de pitié ou d'effroi, et il rejette dans la fin les scènes d'action : telle est la structure cVIphiffénie en Tauride, à* Hélène, à*Oreste. D'autres fois, il cherche le principe de la gradation dramatique dans la valeur re- lative des sentiments, comme dans Iphigénie à Anlis, où l'on voit succéder aux indécisions dramatiques d'Aga- memnon les alarmes et les prières de Clytemnestre et de sa fille, puis l'héroïsme d'Iphigénîe qui donne tant de grandeur aux dernières scènes. Encore une fois les moyens sont variés, car ils procèdent, non d'un sys- tème, mais d'un sentiment vif autant qu'éclairé des exi- gences et des ressources particulières de chaque sujet.

��Ce serait méconnaître la vraie tendance du génie

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