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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/349

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LE POÈTE LYRIQUE 337

néral ni l'enthousiasme, ni l'élan, ni la majesté, en un mot aucune des hautesqualitéslyriques. La grandeur est ce qui leur manque le plus. Mais cela n'empêche pas qu'ils n'aient un charme propre, souvent vif, qui se laisse sentir en maint endroit.

A défaut de pensées suivies et largement dévelop- pées, des aperçus fins et délicats y brillent sous des images gracieuses. Comme modèle en ce genre, on peut citer le début du troisième stasimon de Médée, où le chœur des femmes de Corinthe vante l'heureuse Attique. Leur éloge est unréve,mais en même temps un jugement. Sous le voile d'une mythologie de fantaisie, une pensée suggestive transparaît dans une vision charmante ; quelque chose d'abstrait, qui fait réfléchir, sous des formes gracieuses, qui enchantent. Cela est léger, aérien, capricieux, et pourtant plein d'une raison très fine et très solide :

« Érechtéïdes, dont la fortune a traversé les siècles, fils des dieux bienheureux, issus d'une terre sacrée que nul n'a jamais violée, nourris de la plus glorieuse sagesse, vous mar- chez d'un pas léger dans la lumière de votre éther pur; là, où jadis la blonde Harmonia enfanta, dit-on, les neuf vierges Piérides, les Muses, auprès des belles eaux courantes du Gé- phise. On rapporte que Cypris, puisant à ces sources, en souffla la fraîcheur sur ce pays dans les douces haleines de la brise, et que sans cesse, mêlant à ses cheveux les touffes de roses odorantes, elle y répand autour d'elle, avec la sagesse, les amours, auxiliaires de tout ce qui est bien i. »

DîonChrysostome, dansun passage cité précédemment, fait un mérite à Euripide d'offrir dans ses chants « une abondance de pensées pratiques, une exhortation cons- tante à la vertu ^ » Cet éloge s'applique spécialement à

1. Médée, 824 et suiv.

2. Dion, Discours, LU, p. 273 Reiske : Ta ts \i.i\r\ (2o?ox)iou;) ovx ïyzi TCoXu To YV(i)[i.txbv oû5è xr^y itpb; àpeTTiv TcapdtxXrjatv, cJçTcep ta toO ECipiTctSou.

Hist. de la Litt. grecque. — T. III. 22

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