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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/380

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368 CHAPITRE VIII. — TRAGIQUES DE SECOND RANG

poètes, imitateurs d'Euripide, et par conséquent exa- gérant ses défauts, mais incapables de faire revivre ses qualités. Ce qui les caractérise tous, c'est Tinfluence ma- nifeste de la sophistique. Ils sont subtils, bavards, raf- finés ; ils font de la tragédie une école de rhétorique, impuis* sants d'ailleurs à rien créer qui soit vraiment grand. Voilà du moins comment nous les dépeintAristophane dans ses Grenouilles ; Héraklès y dit à Dionysos, pour le consoler de la mort des maîtres du théâtre : « Mais il te reste en- core quantité de petits jeunes gens par là bas, qui font des tragédies par cents et par mille, et qui dans la course au bavardage gagneraient de plus d'un stade sur Euri- pide. » Dionysos qui les connaît bien, ne veut pas Atre consolé, car il sait ce qu'ils valent : « Qu'est-ce que tout cela ? s*écrie-t-il. De mauvais grappillons oubliés, desmaf* très do caquetage, une Académie d'hirondelles criardes, les fléaux du métier, des gens qui disparaissent dès qu'ils ont obtenu un chœur, fatigués d'avoir une seule fois fait l'amour avec la tragédie. Quant à un poète ca- pable de créer quelque chose, tu aurais beau chercher, tu n'en trouverais plus un seul qui fasse entendre une parole généreuse ^ » Un peu plus haut, il avait dit plus brièvement : « J^aurais grand besoin d'un bon poète; ceux que j'aimais ne sont plus, ceux qui me restent ne valent rien^ » Ce serait perdre notre temps que de vouloir ici énumérer et apprécier tous ces inconnus. Deux ou trois seulement méritent d'être distingués.

D'abord un personnage politique assez mal famé, « le beau >» Gritias, qui fut un des trente tyrans et faillit pros- crire son ancien maître, Socrate ^ Gomme poète tragique, il nous est connu par quelques fragments qui marquent delà manière la plus vive quelle influence la philosophie

1. Grenouilles, 89.

2. Grenouilles, 79.

3. Lallier, De Critiœ tyranni vita ac scriptis^ Paris, 1876.

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