Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/379

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sique, la mise en scène, dans les pièces d’Agathon, procurait parfois aux spectateurs de vraies surprises. Dans son Thyeste par exemple, on voyait les jeunes princes qui recherchaient en mariage la fille de Pronax, se montrer d’abord vêtus de beaux habits et coiffés avec art ; puis, après l’échec do leur demande, reparaître en prétendants humiliés, les cheveux rasés, justifiant ainsi leur surnom de Curetés (KoupY)Ts; elvoci xoupi^jLoii x^P^^ ’^P^" 5^6;)*. Enfin le style même d’Agalhon n’était pas plus assujetti à la tradition que toutes les autres parties de son art. Disciple ou tout au moins admirateur de Gorgias il visait à une élégance recherchée ^ Platon, en le faisant parler dans son Banquet^ lui a prêté une sorte d’afféterie qui peut donner une idée de ce qu’était sa manière ^ Quelques rares fragments, courts et sentencieux, nous montrent en lui un bel esprit, ingénieux plutôt que fort, habile aux antithèses, fertile en traits brillants» Ces qualités le prédestinaient à être fréquemment cité. Il donnait à des pensées médiocrement originales quelque chose de neuf et de durable ; il est de ceux dont Aristote allègue le plus souvent l’autorité. Dans cette fin de siècle, où la finesse était plus estimée d’une partie au moins de la société athénienne que la grandeur, où la nouveauté était recherchée en tout, Agathon fut le représentant le plus distingué d’un atticisme à demi sicilien, qu’Athènes n’accepta jamais sans réserve, mais qui la séduisit à certains jours par un mélange de grâce et d’habileté étrangère.

Autour de lui, il faut mentionner collectivement, comme une foule anonyme, toute une pléiade de jeunes

1. Athénée, Xll, p. 528 D.

2. Philostrate, Vies des sophistes, I, 9 : Ka\ ’AYaôwv..., ov ^ xwpLo)- fiia <roç6v xe xa\ xaXXteTrïj oI8e, iroX).a)(oO tûv !a[jLêa>v ^o^^\.éX,ti* Cf. sco- liaste de Platon, Banquet, p. 172 c : ’EfjLijjLîÎTo 8à T-rjv xopL-^/ÔTYjxa ty^; Xé- Çecoç TopY^ou xoO fi^xopoç.

3. Platon, Banquet, 194 E.