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384 CHAPITRE IX. — LE DRAME SATYRIQUE

ont résumé, selon leur habitude, des faits complexes qu'ils connaissaient mal ^

Nous avons dit, à propos des origines de la tragédie, comment l'élément satyriquo nous paraissait s^être dé- gagé peu à peu de l'élément tragique avec lequel il était d'abord confondue Une fois qu'il en fut séparé, la ques- tion délicate est de savoir ce qu'il devint; nous n'y avons ré;)ondu encore qu'en passant ^ Fut-il délaissé purement et simplement, pendant quelque temps au moins? Ou bien, expulsé du corps de la tragédie, se réfugia-t-îl dans une sorte de prologue ou d'épilogue, qui restait toujours uni à l'action tragique? Ou enfln s'organisa-t-il dès le début en pièces distinctes? Sur ce point, les témoignages font absolument défaut. Peut-être du moins quelques-unes des conjectures par lesquelles on essaye d'y suppléer sont- elles assez appuyées sur les faits connus et assez vrai- semblables d'ailleurs pour qu'on puisse les accepter avec confiance.

11 n'est pas impossible que, dans la période d'essais qui va deThespis à Pratinas, on ait vu se réaliser tour à tour ou simultanément les trois suppositions que nous venons de faire. Rien n'empêche de croire qu'il y ait eu alors des tragédies qui n'avaient rien de satyrique, des tragédies qui étaient satyriques en partie, et déjà aussi des ébauches de drames satyriques indépendants. C'était un temps delâ-

1. C'est à cotte légende qu'Horace semble aussi faire allusion dans les vers bien connus do VArl poétique^ 220 et suiv.

Carminé qui tragico vilom certavit ob hircum Mox etiam agrestes satyros nudavit, et asper Incolumi gravitate jocum tentavit.eo quod Illeccbris erat et grata novitate morandus Spectator funclusque sacris et potus et exlex.

2. Voir plus haut, p. 35. Aristole, Poétique, c. 5 : Tb (lèv icpâtov TETpajxsTpo) è^pwvTo (dans la tragédie primitive) 8ià to o-aTupixT)v xa\ ôpxYiO"Ttxa)Tlpav eîvai tyjv 7ro(r,(jiv.

3. Plus haut, p. 38.

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