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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/403

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SOPHOCLE 391

chacune de ses trilogies eût le sien K Si Ton ne veut pas admettre qu'il ait fait jouer plusieurs fois les mêmes avec dos tragédies nouvelles, ce qui est certainement invrai- semblable, ni qu'il en ait emprunté à d'autres poètes, — ce qui aurait lieu de surprendre de la part d'un génie aussi fécond, — il ne reste guère qu'une explication possible : ce serait d'admettre que Sophocle ait à plu- sieurs reprises remplacé lo drame satyrique par une tra- gédie d'un caractère spécial. Comme ce genre de substi- tution est attesté pour ÏAlceste d'Euripide, qui fut jouée en 438, il y a tout lieu de croire qu'il ne fut pas étranger non plus à Sophocle. Les fragments des drames satyriques de Sophocle nous permettent même de deviner comment cette nouvelle manière s'introduisit peu à peu. C'était une difficulté que de donner un rôle aux satyres dans une foule de sujets, où réellement ils n'avaient rien à faire. On dut être tenté de se passer d'eux, en les rem- plaçant par des personnages analogues. Sophocle, dans son Héraclès au Ténare^ avait imaginé de faire paraître à leur place des hilotes ^ Il semble bien qu'il ne s'en soit pas tenu là. Un fragment de son Inachos homs montre le chœur invoquant Inachos comme le chef de sa race ^ ;

1. Nous avons vu que les pièces do Sophocle étaient probablement au nombre de 113. Nous ne connaissons de lui que dix-sept drames satyriques. En admettant qu'il y en ait deux ou trois encore à retrou- ver parmi les titres incertains, cela ne peut guère faire plus de vingt. Restent quatre-vingt-treize tragédies, qui devaient constituer trente et une trilogies. Il y aurait donc onze trilOia:ies qui n'auraient pas eu de drames satyriques.

2. Eustathe, ad Iliad. p. 297, 37 : 'Ev yoOv toi; ^HpwScavoO £\îpr)Tat. ÔTt ETXwTEç o\ iià Tatvapw o-aTupot. Diomède, p. 488, 7 : « Latina Atel- lana a Grseca satyrlca diffort, quod in satyrica fere satyrorum per- sonœ inducuntur aut si quae sunt ridicuhe similes satyris, Autqly- cus, Busiris. » Le mot fere semble indiquer que Dioméde ne distin- guo pas ici le chœur des personnages proprement dits : car s'il ne parlait que des personnages, il ne pourrait pas dire que le drame satyrique ne met guère en scène que des satyres.

3. Fragment 249 Nauck.

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