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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/409

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LES SATYRES 397

les excite ou les abat. Mais le fond de leur tempérament, c'est la gaîté ; une gaîté enfantine, pétulante, qui n'a d'autre motif souvent que lexubérance de la vie *. Les bonds, les chants, les cris, les jeux et les mauvais tours, voilà ce qu'ils aiment par dessus tout.

Ils paraissaient devant le public avec un masque pourvu d'une longue barbe, le corps étroitement enserré dans un maillot collant sous lequel ils semblaient nus, les reins ceints d'une peau de chèvre, avec une nébride sur l'épaule -. Le peuple les appelait d'un nom trivial qui marquait crûment leur ardeur lascive, « les boucs » Tpàyot. En fait, ils se démenaient étrangement. Leur danse, qui n'était qu'à eux, se nommait la sikimiis : c'était, semble-t-il, une suite de bonds plutôt que de pas, une agitation violente et rapide qui ressemblait à une course rythmée ^ Cette danse était pourtant accompagnée de chants, et elle avait sa grâce sauvage. Dans le Cyclope d'Euripide, c'était en dansant la sikinnis que le chœur satyrique faisait irruption dans l'orchestra. Nous n'avons plus que les paroles de cette parodos, mais elles nous donnent au moins une idée des mouvements qui les ac- compagnaient. Silène, qui au début est seul sur le théâ- tre, voit venir de loin ses enfants et il les entend ^ :

1. Horace les caractérise par les mots de risores, clicacesj prolervi.

2. Wieseler, Denkmaler d. Bnhnenwesen, VI, 1-10; A. Millier ^ G rie ch. Bùhnenalterth., p. 241. Horace, Ep. ad Pis. 221 : Mox etiam agrestes satyros nudavU. Lucien, Bacchus, 3 : YU|jLvr,Taç ôpxr,aTà;. Leur cein- ture en peau de chèvre s'appelait atyr), l^aX?) et Tpayri (Pollux, IV, 118). Il est difficile de distinguer dans ce passage ce qui^ appartient aux satyres, c'est-à-dire aux choreutes, et ce qui doit être rapporté aux acteurs proprement dits du drame satyrique, car l'auteur énu- mèro sans distinction tout le vestiaire satyrique, o-aTypixY] èo-Oyjç.

3. Athénée, XIV, 28, p. 630 : "Hv xa\ o^ o-àxTJpot ôp^oCvrat 'zcf.yyzé.vfy o\i<jav. Aussi dérivait- on le nom atxtvviç tantôt de o-etetv, tantôt de xtv7)CTtç : c'étaient de pures fantaisies étymologiques, mais qui mar- quent bien ce qui distinguait cette danse. Textes : A. Miiller, Griech. Bûhnenatt,, p. 224, note 2.

4. Euripide, Cyclope, 34.

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