HÉRAQLÈS 407
« rive et s'indigne des dégâts commis, de sa paresse et (( de son indiscipline, lui, sans changer ni de couleur ni « de conduite, le plus tranquillement du monde, lui dit :
« Goiiche-toi là et buvons ; c'est le congé en main qu'il te faut m'éprouver et voir si tu vaux mieux que moi. »
« Est-ce là un esclave? Et ne commande-t-il pas à son « maître, lui qui ose non seulement agir à sa guise, mais (( donner des ordres h celui qui Ta acheté, prêt, s'il se « révolte, à le frapper et à Toutrager, et, s'il appelle du « secours, à tout détruire*? »
Ainsi ce redoutable serviteur, qui battait les gens et qui détruisait tout, n'était pas un esclave de comédie : Il se révélait fils d'un dieu par sa supériorité morale et physique; cet Héraclès n'était en aucune façon le per- sonnage risible des Oiseaux d'Aristophane. Malgré sa violence et la brutalité de ses instincts, il avait sa gran- deur, et, au moment même où il amusait les spectateurs, il leur imposait du respect. C'était là une convenance (|u'un auteur de drames satyriques devait sentir et ob- server; et sans doute parce qu'elle était aussi délicate que nécessaire, c'est celle sur laquelle Horace insiste le plus dans ses préceptes ^ La pudeur qu'il demande à la tragédie, quand elle se mêle aux satyres, n'est pas autre chose que cette dignité, par laquelle le héros tragique se distinguait des enfants de Silène.
1. Philon, II, p. 461, Mangey.
2. Epist. ad Pisones, 227 :
...ila verlere séria ludo. Ne quicumque deus, quicumquo adhibebitur héros, Regali conspectus in auro nuper et ostro, Migrct in obsciiras humili sermone tabernas.
Kt plus loin :
Effiitire levas indigna Tragœdia versus. Ut festis matrona moveri jussa diebus, Intererit satyris paulum pudibunda protervis.
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