SA STRUCTURE 411
L'analyse que nous venons de faire du Syleus d'après le témoignage de Philon donne assez bien l'idée du genre de péripéties qui convenaient à ce drame. D'autres se laissent deviner par la seule indication du sujet. Dans Bu- siris par exemple, on peut être à peu près certain qu'Hé- raclès, d*abord inconnu, se révélait brusquement, au mo- ment oùBusiris et ses sacriQcateurs s'apprêtaient à l'im- moler. Nous venons de voir que le Cyclope se termine par un coup de théâtre analogue; Ulysse, qui s'est fait appeler Personne antérieurement, jette fièrement son vrai nom au Cyclope, quand la vengeance est accomplie. Il y avait donc des reconnaissances dans les drames satyriques comme dans les tragédies, et il y en avait surtout chez Euripide. Les reconnaissances supposent les malenten- dus, le& avertissements méconnus, les oracles incompris ; en somme, tout ce que nous rencontrons dans la tragédie proprement dite. Toutefois, le drame satyrique étant plus court, la préparation et les délais étaient forcément ré- duits. Il en était de même du développement des caractè- res. Les effets dramatiques avaient par suite quelque chose de plus brusque, les sentiments devaient être plus instan- tanés, le dialogue allait plus droit au but et la marche de l'action était plus rapide. Celte action excitait chez les spectateurs des émotions parfois voisines de celles de la tragédie. Ils s'intéressaient au héros, ils éprouvaient pour lui de l'admiration à certains moments, parfois une légère crainte et même une sorte de pitié, sans que cette pitié ni cette crainte pussent jamais devenir profondes, soit parce qu'elles étaient sans cesse chassées par des specta- cles ou des propos satyriques, soit parce qu'on était sur d'avance que les choses tourneraient à bien. En effet le dénouement ne pouvait être qu'heureux ; on considérait cela comme un des caractères essentiels du genre *. C'é-
1. Argument d'Alceste : Tb 5è Spôêfjia èdri (larjpixwTcpov oti si; x^P*"^ x«\ r,ôovfiv xaxaoTpéçcc.
�� �