444 CHAPITRE X. — ORIGINES DE LA COMÉDIE
mots de commencement et de fin n'ont point do sons : il n'y a que l'être éternel, toujours changeant: ce senties idées d'Heraclite, traduites en un langage aisé à com- prendre.
M A. Les dieux ont toujours été : il n'y a pas eu de temps où ils ne fussent pas. Ce que nous voyons est toujours sembla- ble, à travers la série des formes qui se répètent. — B. Mais on dit pourtant que le chaos fut le premier des dieux par Tordre de la naissance. — A. Et comment cela se pourrait-il? D'où tirerait son existence un être qui serait venu le premier? Non, point de cliose qu'on puisse appeler première, non plus que seconde, de toutes celles dont nous parlons. La vérité, la voici. Prends un nombre quelconque, pair ou .impair, et ajoute à ce nombre une unité, ou encore répète-le deux fois; penses-tu qu'il sera encore ce qu'il était? — B. Non certes. — A. Et de même, si à une longueur d'une coudée, il te plait d'ajouter une autre longueur, ou au contraire d'y retrancher quelque chose, la première longueur n'existera plus. — B. En effet. — A. Eh bien, applique ce principe aux hommes: l'un grandit, l'autre décroît; chez tous, le changement est inces- sant. Or ce qui change naturellement et ne reste jamais dans le même état est autre dans sa forme actuelle que dans celle qui a disparu. Et pareillement, toi et moi, nous étions autres hier, nous sommes autres aujourd'hui, autres encore demain, et jamais les mêmes, selon notre raisonnement U»
Le fragment qui suit est plus dialectique encore. On y sent le procédé éléatiquo des distinctions subtiles, qui semblent d'abord naïves, quand elles se prennent aux choses communes, mais d*où se dégagent pou à peu des définitions abstraites. Il y manque une prémisse qu'on peut rétablir ainsi : « A. Agir n'est-il pas le propre de l'homme ? — - B. En effet. » Ceci posé, la discussion continue ainsi :
« A. L'aulétique, n'est-ce pas une action ? — B. Sans aucun doute. — A. Donc l'aulétique est un homme. — B. Oh, pour
1. Diog. Laorce, III, 10.
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