Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/461

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mes d’hommes (mimoi àvdpeîoi) et les mimes de femmes ([XL[7.oi yiivaixeioi), ainsi distingués d’après les personnages qui y figuraient. Il n’y avait guère d’action à proprement parler dans ces petites pièces; chacune d’elles se réduisait probablement à quelques scènes entre deux personnages toujours les mêmes. Rien ne peut nous en donner une idée plus vive ni plus juste que les Syracusaines de Théocrite, cet amusant dialogue qui est expressément désigné par un scoliaste comme imité d’un mime de Sophron. Point de situations dramatiques, mais de simples prétextes, une visite, une rencontre, une emplette, une fête, une bousculade, n’importe quoi. Et, là dessus, un entretien vif, sans cesse changeant, où chaque mot était un trait de mœurs. Cela semblait fait avec rien, et ce rien était pourtant substantiel et charmant. Quelques titres des œuvres de Sophron nous ont été conservés ; il y en a de peu intelligibles ; mais d’autres ont leur valeur, tels que ceux-ci : le Pêcheur de thons^ les Vieillards^ le Pêcheur et le Paysan, les Ravaudeuses, les Pêcheurs, les Femmes qui attirent la lune^ les Sorcières, les Femmes aux fêtes de l’Isthme, les Femmes à table. Toutes ces pièces étaient en prose, ce qui permettait à l’auteur d’imiter de plus près la réalité ; mais cette prose rappelait la poésie par un habile emploi do rythmes variés, qui s’y trouvaient rapprochés sans règle fixe K Le langage dont il usait était ledorien populaire;

1. Le passage d’Aristote {Poétique, c. 1) est fort obscur. Suidas (Sw9pa)v) dit expressément que les mimes étaient en prose : El(j\ ôè xaxa- >.0Yà8r,v 6’.a)ixT0) Awptôi. Mais le scoliaste de Grégoire de Nazianze {Chant d’exhortation à une vierge^ éd. Bill) s’explique ainsi : ’Ev tou- To) TÔ) Xoyo) Tov Supaxo^diov ptipisÏTat* outoç gar ptôvoç TtonqTtov puôjJLOÏç xe xa\ xtoXoiç è/pr|<TaTo iroir,Ttxri;àva).oyta; xaTaçpov"iQ(Ta(;. M. Christ (^w//io- ’logia carminum christianorum, Prolegom., p. XIV) a expliqué cette scolie. Il admet que Sophron se servait de membres rythmiques, mais qu’il les assemblait à sa fantaisie, sans tenir compte des lois ordinaires et des régies d’affinité (uoirjTixT)? àva^oycaç xaxaçpovrio-aç). De là résultait quelque chose d’intermédiaire entre la prose et la poésie.