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450 CHAPITRE X. — ORIGINES DE LA COMÉDIE

nous en pouvons juger encore par une centaine de fragments, malheureusement très courts. DiogèneLaërce rapporte que Platon se délectait à lire Sophron, qu'il rintroduisit à Athènes et qu'il Ta imité dans ses dialo- gues *. 11 n'y a rien là qui doive nous étonner, malgré la différence des genres. La grâce alerte et spirituelle du Syracusain devait être pleine de charme et de suggestion pour le maître du dialogue altique. Et ce goût du philo- sophe nous indique bien en quel sens l'œuvre de So- phron était populaire : il représentait le peuple dans ses pièces, mais il est plus que douteux qu^il écrivit pour lui. Cette fine peinture de ses mœurs et cette spirituelle imitation de son langage ne pouvaient être bien goûtées que par la bonne société de Syracuse.

Après Sophron, le même genre fut cultivé avec moins d'éclat par son fils Xénarque^ dont nous ne savons à peu près rien. Le mime demandait une main singu- lièrement habile et légère. Médiocrement traité, il était exposé à devenir ou grossier ou insipide. D'ailleurs la matière même qu'il mettait en œuvre n'était pas fort abondante; un seul homme d'esprit a bien pu l'épuiser. Xénarque semble l'avoir tourné en satire morale et poli- tique. En ce cas, ce fut une chose nouvelle, qui eut peut- être son mérite, mais ce ne fut plus le mime proprement dit, dont la grâce propre consistait à n'être au service d'aucune idée.

��1. Diogène Laërce, III, 18. Cf. Suidas, Swçpwv.

2. Aristote, Poétique, c. 1. Suidas, s. v. ^Pyjyivou; tou; ôetXovç.

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