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PRÉDÉCESSEURS D*ARISTOPHANE 465

temps îl nous donne une îdée des inventions de son pré- décesseur : « C'est en vain qu'il parlait pour vous séduire toutes sortes de langages, qu'il jouait du luth, baltaît des ailes, faisait le Lydien, se déguisait en cinips, teignait ses vêtements en peau de grenouille, il ne plaisait plus ; et à la On, déjà sur l'âge, — par un malheur qu'il n'avait pas connu dans sa jeunesse, — il fut chassé de la scène, lui, vieillard, parce que sa verve railleuse l'avait aban- donné *. » Voilà en bien peu de mots toute une vie de poète, brillante et triste. Magnés dut être un homme d'i- magination, qui sut donner les formes de la plus folle fan- taisie à la vieille satire dionysiaque. Tant que ses inven- tions se renouvelèrent, il amusa le peuple ; mais la force de la pensée lui manquait ; on se lassa de ses bouffon- neries, et on s'aperçut alors qu'une fois cela écarté il ne restait rien. D'après ce passage d'Aristophane et d'autres témoignages, on peut restituer les titres de quelques- unes de ses comédies : les Joueurs de luth, les Oiseaux^ les Lydiens, les Cinips, les Grenouilles^ Dionysos, la Jardinière, le Titacide (nom d'une tribu athénienne). Ils suffisent à montrer que l'art de Magnés consistait en partie à inventer pour ses choreutes des travestissements fantastiques et qu'en ce genre il a légué à ses successeurs plus d'une idée qu'ils n'ont pas laissée perdre ^

Nous pourrions passer sous silence Ecphantidès, dont nous ne savons à peu près rien, et son serviteur Choe- rilos, qui l'aidait, dit-on, à composer de mauvaises piè- ces, si un fragment de leur œuvre commune n'était à si- gnaler. C'est celui oii Ecphantidès se défendait de faire un drame à la mode mégarienne. « J'en ai assez, disait- il, des comédies mégariennes, et je rougis de faire une

��1. Chevaliers, même passage.

2. Les fragments de Magnés, à peu près insignifiants, sont en ou- tre d*une authenticité suspecte.

Hist. de la Litt. grecqae. « T. III. 30

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