490 CHAPITRE XI. — COMÉDIE ANCIENNE
coryphée, décide qui des deux l'emporte. C'est une dispute, mais une dispute réglée, un concours à la mode grecque, avec des juges et un vainqueur. Telle est la contestation du Juste et de l'Injuste dans les Nuées, d'Eschyle et d'Eu- ripide dans les Grenouilles. Ce type d'ailleurs n'est pas invariable. Il arrive qu'il n'y ait pas de discussion à proprement parler, Tun des adversaires étant muet ou à peu près. Quand Pisthétèro combat les préjugés des oiseaux, il parle seul et il persuade; quand Lysistrate lient tète au prytane, celui-ci ne trouve rien à dire ; ce- pendant ces scènes sont construites comme les précéden- tes et appartiennent manifestement au même genre. Toutes sont assujetties à des formes, non pas invariables sans doute, — rien n'est invariable dans la comédie, — mais en somme assez régulières pour manifester unecoutumc d'où elles relèvent. Si, dans de telles scènes, le conflit des raisons, d'une part — c'est-à-dire la dialectique — et la perfection symétrique de la structure, de l'autre, semblent bien être des choses relativement modernes, il parait na- turel de croire que la dispute en elle-même, l'échange des injures encouragé par le chœur qui s'en amuse, est un des éléments les plus anciens de la comédie. Voilà donc un exemple frappant d'un genre de scènes tradi- tionnelles qui nécessairement ressortentdu milieu de l'é- pisode où elles sont englobées. Sous la discipline récente, la spontanéité primitive apparaît en elles. Cela donne ridée d'un genre de composition qui a ses habitudes pro[)res et qui par conséquent ne peut être assimilé com- plètement au procédé de la tragédie.
Nous venons de parler du mélange des rythmes. Et en effet, c'est là une des choses qui contribuent le plus à diversifier les parties de la comédie. Tandis que la tra- gédie, dans le dialogue, n'emploie que le trimètre îam- bique et le tétramètre trochaïque, — celui-ci même très rarement, — la comédie, outre le trimètre iambique, a
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