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SES QUALITÉS DRAMATIQUES 541

tion, mais peu d’idées ; Gratès, fin et spirituel, manquait de force ; Gratinos, toujours impétueux et emporté par sa fougue, oubliait les données qu’il avait créées et faisait dégénérer le drame en une sorte d*invective dialoguée; Eupolis lui-même, bien qu’il sût à la fois plaire et frapper, semble n’avoir pas été exempt d’une certaine inégalité ordinaire, parfois rude et âpre comme Gratinos, parfois aussi trop docile aux caprices d’une imagination vive et brillante, qui l’emportait à son gré. Les qualités comi- ques se montraient donc comme dispersées chez les poètes du temps ou groupées en quelques-uns seulement avec une sorte d’incohérence. Il n’y en eut vraiment qu’un seul entre tous, en qui elles se fondirent dans une harmonie achevée, et celui-là fut Aristophane.

Ce don de conciliation charmante et facile se montre pleinement dans l’art avec lequel il associe, en compo- sant ses pièces, l’idée et l’action. L’idée, c’est pour lui l’âme de la comédie, l’action en est le corps. A Tune la direction générale, à l’autre le mouvement, l’interpré- tation joyeuse et expressive: il faut suggérer des pensées et amuser, mais il faut que la suggestion résulte de l’a- musement même. Voilà justement en quoi il excelle tout d’abord.

Les actions qu’il crée sont très simples et très légères ; car, si elles étaient plus fortes, elles généraient sa dé- monstration. Mais, d’autre part, ce ne sont pas de sim- ples prétextes à satires ; elles ont un intérêt, elles piquent l’attention, elles font attendre quelque chose. Lorsque Gratinos mettait en scène ses Archiloques, on comprend combien l’apparition de ces âpres censeurs était d’abord saisissante ; mais, bien que nous ignorions comment

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