Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/57

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tragédies manquantes. On n’est pas peu surpris de rencontrer parmi ces ingénieux faussaires le savant péripatéticien Héraclide de Pont. De cette fabrique d’antiquités sortirent les drames dont quatre fragments sans valeur sont venus jusqu’à nous. Suidas en a énuméré les titres : les Jeux funèbres de Pélias^ Phorbas^ les Prêtres^ les Jeunes Gens^ Penthée ^ Créées par de spirituels érudits, peut-être ces pièces ont-elles du moins sauvé de l'oubli les noms de quelques-unes des tragédies véritables de Thespis.

Thespis représente à lui tout seul la première génération des poètes tragiques. La seconde figure dans l’histoire littéraire par trois noms, ceux de Ghœrilos, de Pratinas et de Phrynichos. Prédécesseurs immédiats d’Eschyle, leur vieillesse a été contemporaine de son adolescence ou de sa jeunesse. Ce sont eux, par conséquent, qui ont préparé le grand essor du genre tragique. On ne saurait trop regretter qu’ils nous soient si mal connus. Entre leurs mains, la tragédie devient en quelque sorte une institution publique. Victorieuse des défiances et des incertitudes de l’opinion, elle a désormais sa place dans les nouvelles fêtes dionysiaques, récemment instituées. L’État l’encourage en lui réservant des prix et en constituant pour elle des chorégies spéciales à côté des chorégies dithyrambiques. Les concours se succèdent régulièrement d’année en année. Par suite, un désir nouveau de grandeur et de perfection s’impose à la fois au public et aux poètes. Athènes adopte la tragédie, et celle-ci veut se rendre vraiment digne d’Athènes.

Chœrilos était Athénien. Il prit part au concours tragique pour la première fois dans la 64® Olympiade (524-521 av. J.-C.) ^. Un témoignage ancien le fait figurer à côté de Phrynichos, quarante ans plus tard, dans la 74**

1. Suidas, Béernic

2. Suidas, Xoip^Xo;.