I Après la guerre du Péloponnèse, tandis que la tragé- die déclinait sensiblement, la comédie continua ses suc- cès en se transformant ¹. Dans le dernier tiers du Ive siècle, cette transformation était devenue déjà si évidente qu'Aristote opposait nettement la comédie nouvelle à l’an- cienne en les distinguant par leurs caractères propres 2. Cette distinction était fondée sur la nature des choses. Elle fut longtemps regardée comme suffisante par les critiques anciens. C'est seulement au temps de l’empe- reur Hadrien qu'on s'avisa de distinguer en outre une forme intermédiaire, sous le nom de comédie moyenne³. - La division ainsi constituée a prévalu dans l'usage. La comédie moyenne (ŕ péon xwµwdix) remplit une période d'un peu plus de soixante ans, depuis le commencement du ve siècle jusqu'à l'avènement d'Alexandre (400-336); la comédie nouvelle (ἡ νέα ou ἡ καινὴ κωμῳδία) occupe toute la fin du ive siècle et la première moitié du siècle suivant (336-250). Bien entendu, ces dates n'ont qu’une valeur approximative. En réalité, l'évolution du genre comique s'est faite d'une manière continue, et les trois for- mes de la comédie sont loin d'être séparées par des dif- férences aussi tranchées qu'on pourrait le croire au pre- mier abord. Tout en conservant la division traditionnelle, qui est commode, il importe donc de ne pas lui attribuer plus d'importance qu'elle n'en a. 1. Toute cette partie de l'histoire de la comédie grecque a été spé- cialement étudiée dans l'ouvrage de M. Guillaume Guizot : Ménandre, étude historique et littéraire sur la comédie et la société grecques, Paris, 1855. Ce livre garde sa valeur à côté de celui de M. Denis, de celui de M. Éd. Du Méril et des histoires générales de la littérature grecque, où les mêmes questions sont traitées. 2. Aristote, Morale à Nicomaque, IV, 14 : Tǹv tŵv nadaiŵv et tǹv räv καινῶν. ย 3. Fielitz, De Atticorum comoedia bipartita, Bonn, 1866.
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