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TRANSFORMATION DE LA COMÉDIE 583

Les anciens expliquaient la transformation de la co- médie par un fait précis, une loi, qui aurait imposé si- lence au chœur en lui interdisant la satire K Nous ne savons pas au juste à quoi ils faisaient allusion. Les té- moignages anonymes, — les plus explicites que nous ayons sur ce point, — sont extrêmement confus et re- posent sur une altération évidente des traditions histori- ques ^: ils attribuent en effet cette interdiction à Toligar- chie; et pourtant, à partir de la victoire de Thrasybule en 403, la démocratie est rétablie dans Athènes, et c'est alors justement que la comédie change de caractère. S^il y eut réellement une loi, elle fut donc portée ou tout au moins renouvelée par la démocratie. Mais, pour qu'elle ait duré, il faut qu'elle ait été l'expression d'une opinion nouvelle, qui devint de plus en plus forte. Si donc elle a été portée, elle n'est en somme que secondaire : c'est le changement de l'opinion qui nous intéresse, car c'est là le fait capital. Les mêmes témoins nous rapportent aussi que, par suite de Tappauvrissement général qui résulta de la guerre du Péloponnèse, les chorèges vinrent à manquer ou ne se trouvèrent plus en état de faire faca aux frais des chœurs comiques ^ Autre explication in- suf6sante. Cet appauvrissement fut passager, et nous ne voyons pas qu'Athènes, dans le cours du iv® siècle, ait manqué de chorèges pour ses chœurs dithyrambiques ^. Pour rendre compte de la transformation de la comédie, il faut chercher des raisons plus profondes, et elles s'of- frent d'elles-mêmes à nous.

1. Horace, Art poétique, 283:

Lex est accepta chorusque Turpiter obticuit sublato jure nocendi.

Schol. Aristoph. Grenouilles j 404 : Xpôvw 8'oj TtoXXû uaxepov xa\ xaÔiua^ TtepisïXe Kivy|flrca; ta; xop^Y'*?* ^^' même pièce, 153.

2. Prolégomènes Didot, I, IV, IX a, IX b, XI.

3. Prolégomènes Didot, I (Notice de Platonios).

4. Denis, Comédie grecque, II, p. 330.

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