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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/604

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592 CHAPITRE XIII. — LA COMÉDIE AU IV^ SIÈCLE

du soin avec lequel ils traitaient leurs sujets *. Mais, comme on ne sentait pas encore bien le prix des fines peintures de sentiments, on ne cherchait pas l'occasion de les faire naître. Les poètes, en organisant l'action de leurs comédies, devaient donc viser plutôt aux situations purement comiques qu'à celles qui auraient pu offrir un véritable intérêt moral. Ce n'était pas la science de Tin- trigue qui leur faisait défaut, c'était une idée nette de sa destination supérieure.

Ayant renoncé à la fantaisie dans les choses, la co- médie dut y renoncer aussi dans les mots. « Les poètes de la comédie moyenne, dit un anonyme, ne visèrent pas à se créer une langue poétique ; parlant le langage com- mun, ils ont des qualités de prosateurs, et chez eux le caractère poétique est l'exception 2. » Nous ne pouvons guère contrôler cette assertion, mais elle n'a rien que de vraisemblable en elle-même. Tout ce qui, dans la co- médie ancienne, était hardi et insolite avait dû disparaî- tre de la comédie transformée. Celle-ci mettait en scène des personnages qu'elle s'efforçait de rendre aussi réels que possible : elle devait donc leur prêter un langage semblable à celui qu'on parlait dans les rues d'Athènes. Ce qui en faisait le mérite, c'était surtout le naturel. En fait de plaisanteries, les grossièretés, les joyeuses extra- vagances étaient désormais proscrites; on y substituait les sous-entendus ingénieux, ce qu'Aristote appelle w6- votoc. Quant au sentiment, il y tenait sans doute peu de place, parce que la comédie manquait encore do psycho- logie délicate. Mais n'oublions pas que nous ne possé- dons des œuvres de ce temps que des fragments disjoints, et gardons-nous de croire qu'on puisse asseoir sur de telles données un jugement précis.

1. Didot, Schol. graeca in Aristoph, Proleg. III : KaTaoxoXouvTat

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2. Même notice.

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