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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/613

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FORMES ET ESPRIT DE LA COMÉDIE NOUVELLE 601

vons le conjecturer, ce prologue servait à plusieurs fins. Le personnage chargé par le poète de le débiter était quelquefois un des acteurs de la pièce; souvent aussi, c'était un être de fantaisie, tel que l'Air chez Philémon, la Preuve chez Ménandre, la Peur chez un poète inconnu. Quel qu'il fût, il apportait au public, selon l'exemple donné par Euripide, quelques indications préliminaires sur les antécédents de l'action ou sur le lieu de la scène*. Cela permettait d'alléger ensuite l'exposition et d'entrer plus vivement en matière. Mais les prologues d'Euripide n'étaient pas seulement des moyens dramatiques plus ou moins commodes : ils avaient des mérites propres, qui en avaient fait le succès. Les prologues comiques eurent aussi les leurs, et ces mérites les mirent à la mode. Quand le rôle était confié à un personnage de fantaisie, la présentation même de ce personnage au public deve- nait un thème amusant, où une imagination vive et spi- rituelle trouvait son compte ^ Dans tous les cas, le pro- logue en lui-même était une sorte de causerie avant la pièce, causerie familière, capricieuse, très libre et très variable dans son allure, qui permettait de dire, à propos de comédie, tout ce qu'on voulait. Il est clair que Ménan- dre, quand il faisait paraître sur le théâtre la Preuve, « fille de la Vérité et de la Franchise », ne pouvait man- quer de lui mettre dans la bouche de quoi justifier cette filiation. Un souvenir de l'ancienne parabase devait flotter, pour ainsi dire, dans les prologues de la comédie nouvelle : c'étaient, si Ton veut, des parabases épurées, assagies, qui se piquaient de bon ton et de délicatesse, mais qui

xoXoç), Thdis, puis la pièce inconnue où figurait Elenchos, enfin fr. adesp. 154. L'usage des poètes comiques de Rome prouve à quel point le prologue était alors à la mode.

1. Par exemple les trois vers subsistants du prologue du Bourru de Ménandre (fr. 127).

2. Fragments du prologue de r Air (Philémon, fr. 91); prologue de la Preuve (Ménandre, fr. 545),

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