Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/624

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son art 1. En philosophie, il subit l’influence de Théophraste et d’Épicure. Sa première pièce fut jouée en 322-1, environ un an après la mort d’Alexandre le Grand. Les événements douloureux dont la Grèce fut alors le théâtre ne semblent pas avoir beaucoup préoccupé le jeune poète. Élégant et oisif, aimant le plaisir, il s’éprit de la courtisane Glycère et vécut auprès d’elle dans sa villa du Pirée. Ptolémée Soter chercha vainement à l’attirer en Egypte : Athènes lui plaisait uniquement, et elle le retint 2. Il était beau, bien que son regard ne fût pas droit, et, en épicurien délicat^ il soignait sa mise et sa démarche ^. Son oisiveté était d’ailleurs singulièrement studieuse. Dans un espace d’environ trente ans, il composa 108 comédies 4. Selon Apollodore, il ne fut vainqueur que dans huit concours 5. Philémon, comme nous l’avons dit, l’emporta sur lui fréquemment ; Ménandre, vaincu, gardait le sentiment de sa grande supériorité, que la critique ancienne a été unanime à reconnaître. Un jour, après une défaite, il rencontre Philémon : « Dis-moi franchement, Philémon, lui demanda-t-il, quand tu l’emportes sur moi, n’en ressens-tu pas quelque honte ? 6 » Il mourut à Athènes à

1. Prolégom. Didot, III.

2. Voy. les lettres d’Alciphron, II, 3, 4, et 5. Ces thèmes littéraires font allusion à des faits qui peuvent être regardés comme vrais. — Thaïs eut aussi part à l’amour de Ménandre.

3. Strabon, p. 638 : ’ETctxoupw <r\jV6çr,Sov MlvavÔpov. Suidas : Srpatâb; Tût; o’I’etç» ô^’j; 6à xbv voOv. Prolégom. Didot, III: Tifoyt 8’ eùçvécrcaTo; Tiavu. Phèdre, V, 1, 12 : Unguento delibutus, vestitu adfluens, veniebat gressu delicato et languido. — La statue bien connue du Vatican le représente déjà mûr, beau encore, mollement assis dans un siège à dossier, le regard méditatif et rêveur, avec une ombre de tristesse ou tout au moins de mélancolie sur le front.

4. ProLîg. Didot, III, et Suidas. Selon Aulu-Gelle, XVIII, 4, d’autres témoignages lui attribuaient 109 pièces, tandis qu’ Apollodore n’en comptait que 105.

5. Aulu-Gelle, pass. cité. Martial, Epigr, V, 10 :

Rara coronato plausere theatra Menandro.

6. Aulu-Gelle. pass. cité.