Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t4.djvu/122

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Quant au compte des années, même principe : Thucydide ne nomme qu’une fois des magistrats éponymes ; c’est quand il s’agit de fixer la date des premières hostilités, le point de départ de toute la guerre ; alors il cite l’archonte éponyme athénien, le premier éphore de Sparte, et le nombre d’années écoulées depuis la consécration de la prêtresse alors en exercice auprès du temple de Héra, à Argos. Ce point de départ bien établi, les magistrats éponymes disparaissent de l’histoire de Thucydide comme les noms des mois grecs ; chaque année est désignée par un chiffre, et s’appelle la première, la seconde, la troisième année de la guerre, et ainsi de suite. Année par année, saison par saison, les événements se déroulent et se développent avec une régularité inflexible.

On comprend très bien que Thucydide, songeant surtout aux Grecs de son temps (qui devaient être ses premiers lecteurs), et préoccupé de la diversité des calendriers en usage parmi eux, ait cherché à s'élever au-dessus de ces diversités accidentelles pour atteindre à quelque chose de fixe et d’universel. D’ailleurs le calendrier athénien lui-même paraît avoir été, au temps de la guerre du Péloponèse, dans une grande confusion[1]. Il est certain poutant que le système adopté par Thucydide a de sérieux inconvénients. Nous aimerions beaucoup mieux aujourd’hui qu’il se fût borné à compter simplement le temps suivant l’usage attique, avec une brève indication des réformes survenues dans le calendrier. Nous y aurions gagné quelques dates tout


    place cinquante jours après le solstice d’hiver, c’est-à-dire en février. Quant à la moisson, elle se fait en Grèce du 15 mai au 15 juin en moyenne. Cf. Waschsmuth, Das alte Griechenland im neuen, p. 571 ; passages cités par Müller-Strübing, Jahrbücher für Philologie, 127 (1883), p. 570.

  1. Cf. Aristophane, Nuées, 608-626.