Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t4.djvu/152

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Odryses (II, xcvi et suiv.) et sur les populations de la Sicile (VI, i et suiv.) ; mais ces trois passages contiennent des explications qui font mieux comprendre les événements mêmes de la guerre ; ce ne sont donc pas des digressions proprement dites. En revanche, la description de la peste d’Athènes, que personne ne considère comme une digression, en est certainement une, au moins dans sa partie médicale et technique. Il en est de même des cinq morceaux mentionnés plus haut. D’où viennent ces épisodes dans une composition généralement si rigoureuse ? Quelques interprètes modernes de Thucydide, en cherchant bien, finissent par découvrir dans chacun de ces épisodes un sens plus ou moins caché qui est la raison de son introduction dans l’ouvrage. La vraie raison est beaucoup plus simple. Thucydide, avant de s’attacher exclusivement à l’étude de la guerre du Péloponèse, avait dû faire beaucoup de recherches sur l’histoire antérieure de la Grèce : sa préface suffirait à le prouver. Dans ses recherches, il était arrivé sur quelques point peu connus, à des résultats nouveaux et importants ; c’est ce qu’il dit lui-même à l’occasion de l’affaire des Pisistratides. Il n’a pas eu le courage de sacrifier tout cela ; aujourd’hui un historien composerait de ces découvertes accessoires un appendice ou des notes ; mais les Grecs du temps de Thucydide ignoraient les appendices et les notes. Il a donc placé quelquefois dans le corps même de son récit des développements que nous reléguerions aujourd’hui dans une autre partie de l’ouvrage. Il n’en est pas moins vrai qu’une demi-douzaines de notes, pour ainsi dire, introduites avec plus ou moins d’à-propos dans le texte, ne sauraient détruire le caractère général de ce texte, remarquable par un enchaînement rigoureux.

De même que le livre de Thucydide, considéré dans son ensemble, marche droit au but, sans hésitations ni