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CHAPITRE III. — ÉCRIVAINS DIVERS

il connaît bien les œuvres[1], et en particulier d’Héraclite. Il y a chez lui de l’Héraclite, mais un Héraclite éclairci, assoupli, rendu plus facile et plus agréable.

Voici quelques fragments de Démocrite qui pourront donner une idée de son style. D’abord, sur les principes mêmes de son système :

Convention que le froid, convention que la chaleur ; en réalité, rien que les atomes et le vide[2].

Nous ne savons rien réellement : la vérité est au fond de l’abîme[3].

Puis diverses pensées morales :

Les hommes ont fabriqué une fortune imaginaire pour excuser leur propre sottise ; car la sagesse a peu à craindre de la fortune et presque toujours une âme habile et clairvoyante gouverne sa vie[4].

Ce qui fait le bonheur, c’est une âme joyeuse dans la pauvreté ; le malheur vient d’une âme mécontente, même dans la richesse[5]

Ne cherche pas à tout savoir, si tu ne veux tout ignorer[6].

L’homme qui dispute et bavarde sans cesse est peu propre à l'étude des choses utiles[7].

Le bien consiste non seulement à ne pas commettre l’injustice, mais à ne pas la vouloir[8].

L’envieux est son propre ennemi, car il se tourmente lui-même[9].

La beauté du corps est un avantage digne des animaux, si l’intelligence ne la relève[10].

Il ne vaut pas la peine de vivre, si l’on n’a pas un bon ami[11].

  1. Plusieurs d’entre eux sont cités dans ses fragments.
  2. Frag. phys. 5 (p. 350, Mullach-Didot) : Νόμῳ ψυχρόν, νόμῳ θερμόν, ἐτεῇ δὲ ἄτομα καὶ κενὸν.
  3. Ibid. : Ἐτεῆ δέ οὐδὲν ἴσμεν, ἐν βύθῳ γὰρ ἡ ἀληθείη.
  4. Fragm. mor., 14.
  5. Ibid., 27.
  6. Ibid., 142.
  7. Ibid., 143.
  8. Ibid., 109.
  9. Ibid., 30.
  10. Ibid., 129.
  11. Ibid., 162.