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lois générales de la raison, plus de méthode et d’esprit positif.

De tous ces éléments s’est formée la médecine grecque du ve et du ive siècle, qui a jeté un si vif éclat. Les médecins grecs furent alors les premiers médecins du monde, plus recherchés des rois de Perse que ceux mêmes de l’Égypte. Le nom le plus illustre de cette période est celui d’Hippocrate, qui domine tous les autres de si haut qu’il a fini par devenir, comme celui d’Homère, moins le nom d’un homme que celui d’une forme de littérature : de même qu’on attribuait à Homère l’œuvre de la plupart des vieux aèdes ioniens, la postérité a mis sous le nom d’Hippocrate presque toutes les œuvres médicales produites par l’école de Cos, au ve et au ive siècle[1]. Beaucoup de ces œuvres subsistent. Disons donc quelques mots d’Hippocrate et de la collection hippocratique[2].

La vie d’Hippocrate est fort mal connue. Si l’on écarte les anecdotes apocryphes dont sa biographie est encombrée, ce qu’on en sait se réduit à peu de chose[3]. Hippocrate naquit à Cos ; il était de la famille des Nébrides,

  1. L'école rivale de Cnide avait aussi laissé des écrits. On trouve dans les ouvrages hippocratiques des allusions aux sentences cnidiennes. Cf. Litré, t. I, p. 59-60, et surtout t. II, p. 198 et suiv.
  2. Pour toutes ces questions, je renvoie à l’admirable édition de Littré, en 10 vol., in-8º (Paris, 1839-1861). Sur les manuscrits, éditions et traductions d’Hippocrate, voir Littré, t. I, p. 511-554. Ce qui est remarquable dans le travail de Littré, c’est à la fois l’étendue des recherches en tout sens et la ferme raison qui les dirige. Pour la parfaite correction du texte, il reste encore quelque chose à faire. Une nouvelle édition des écrits hippocratiques est publiée en ce moment par MM. Ilberg et Kühlewein avec d’amples prolégomènes, Prolegomena critica in Hippocratis operum qum feruntur recensionem novam, etc., Leipzig, 1894. Le ms de Paris 2253 est une des principales sources du texte. M. Fuchs a commencé aussi, en 1895, la publication d’une nouvelle édition complète. Voir enfin C. Frederich, Hippokratiche Untersuchungen (dans les Philol. Unters. de Tiessling et W. Mœllendorff, 1899).
  3. Notice dans Suidas ; biographie de Soranos, dans Kühn, Medicorum græc. opera omnia, 28 vol., Leipzig, 1821-1830 (t. III). Cf. Tzetzès, Chil., VII, 155.