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quelques traits ; il peut nous aider à accentuer tel détail trop légèrement indiqué, à mieux marquer un relief, à rendre certaines nuances délicates de la physionomie, à mieux comprendre aussi la grandeur de son maître, mal saisie parfois par l’honnête et timide Xénophon[1].

Nous n’avons point ici d’ailleurs à faire une étude minutieuse des doctrines de Socrate. Nous n’avons pas à rechercher ce qu’il a pensé sur tel ou tel détail du catéchisme philosophique, important sans doute pour l’histoire des systèmes, mais secondaire aux yeux des « honnêtes gens ». C’est le caractère général de la doctrine que nous étudions, la physionomie essentielle du penseur et de l’homme, les liens qui le rattachent à son temps, et surtout la grandeur de son action morale et littéraire.

I

Socrate[2], fils du statuaire Sophronisque[3] et la sage-femme Phénarète[4], naquit à Athènes, en 470 ou 469. La condition de ses parents était modeste sans être

    place à la fantaisie et n’ont rien d’historique. Sur la crédibilité des Mémorables, voir plus loin, ch. VI.

  1. On trouvera, sur ce sujet, de fines observations dans Hartmann, Analecta Xénophonteo nova, p.66-67, puis 76-77. — Cf. surtout Karte Joël, Der echte und der Xenophontische Sokrates, Ier vol. 1893, Berlin (riche bibliographie du sujet). Je cite pour mémoire le travail paradoxal de E. Richter, Xenophon-Studien, Leipzif (Teubner), 1892, d’après lequel Xénophon n’aurait pas connu Socrate personnellement.
  2. Biographie dans Diogène Laërce, II, 18-47. — Parmi les travaux modernes sur la vie de Socrate, à côté du travail approfondi de Zeller (Philosophie des Grecs, t. III de la trad. fr.), il faut citer A. Chaignet, Vie de Socrate, Paris, 1869.
  3. Xénophon, Hellén., I, 7, 13 ; Platon, Lachès, p. 180, D ; etc.
  4. Platon, Théét., p. 149, A.