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lorsqu’une accusation d’impiété le força de fuir[1]. Le livre qui l’avait fait accuser fut brûlé sur la place publique[2]. Lui-même se rendait en Sicile quand il périt dans un naufrage[3]. S’il est vrai que son accusateur fût un des Quatre Cents, comme le dit Diogène[4] et que le procès, comme on le suppose d’après cette indication, ait eu lieu au moment même de la tyrannie des Quatre Cents, Protagoras serait mort en 411. Certaines traditions racontent qu’il avait commencé par être portefaix, qu’il inventa un coussinet pour porter les fardeaux, que cela le fit remarquer de Démocrite et qu’il devint ainsi le disciple de ce philosophe[5]. Nous ne savons ce que vaut la première partie de ce récit ; quant à la relation qu’il établit entre Protagoras et Démocrite, les dates s’y opposent : Protagoras a subi l’influence d’Héraclite[6] : il ne doit rien à Démocrite.

De ses écrits, nous ne possédons plus que de rares fragments, et les titres même n’en sont pas bien connus. Mais on entrevoit qu’ils étaient de plusieurs sortes ; il y avait des discours, comme le Procès sur le salaire dont parle Diogène Laërce[7] ; puis des traités, et parmi ceux-ci, les une plus généraux, les autres portant sur des sujets particuliers. C’est ainsi que Platon mentionne des écrits de Protagoras Sur la lutte et sur les autres arts[8]. Diogène Laërce lui attribue aussi des écrits assez nombreux sur divers points de politique et

  1. Diogène Laërce, IX, 52.
  2. Id. ibid.
  3. Philochoros, dans Diogène Laërce, ibid., 55.
  4. Diogène Laërce, IX, 54.
  5. Id. ibid., 53 (d’après picure).
  6. Cf. Théétète, p. 166-167.
  7. Diogène Laërce, IX, 55. Le sujet de ce procès, sans doute fictif, était le même que celui du débat raconté plus haut entre Corax et Tisias.
  8. Sophiste, p. 232, D. M. Comperz (Mém. Acad Vienne, 1890), lui attribue le Περὶ Τέχνης (Apologie de la médecine), qui fait partie de la collection hippocratique. Cf. Revue critique, 1891, t. 1, p. 444.