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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t4.djvu/682

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CHAPITRE XI. — ARISTOTE

médecin du roi de Macédoine, Amyntas II[1]. Tous ces faits sont importants. La date de sa naissance le fait contemporain de Démosthène ; sa patrie est une colonie ionienne, voisine du monde barbare, très propre à lui donner par conséquent une vision claire des deux civilisations juxtaposées. Les relations de son père avec Amyntas préparent celles qu’il eut lui-même avec Philippe et Alexandre. Enfin Nicomaque était médecin : s’il eût été géomètre, il est probable que son fils aurait contracté des habitudes d’esprit différentes.

En 367, à l’âge de dix-sept ans, il se rendit à Athènes pour y compléter son éducation. Son père était mort à cette date et lui avait laissé une fortune indépendante. Athènes était plus que jamais l’école de la Grèce. Aristote y resta vingt ans. Il est probable qu’il entendit d’abord Isocrate, qui remplissait alors Athènes de sa renommée, et dont l’influence fut grande non seulement sur son style, mais aussi sur sa pensée ; c’est à lui, sans doute, qu’il dut le vif intérêt que les choses de la rhétorique lui inspirèrent toujours. Platon était alors en Sicile, d’où il revint vers 365. Aristote s’attacha aussitôt à ce nouveau maître et resta son disciple jusqu’à sa mort (347). Platon le surnommait, dit-on, le « liseur » et l’ « esprit »[2]. Diverses anecdotes se rapportent à de prétendues difficultés qui se seraient élevées entre le maître et le disciple[3]. Elles sont sans valeur. Aristote s’est rangé expressément lui-même parmi les platoniciens[4]. La vivacité de ses critiques contre certaines théories de Platon n’est que franchise scientifique, et cette franchise est plusieurs fois accom-

  1. Nicomaque appartenait à la confrérie des Asclépiades et prétendait, dit-on, descendre du héros Nicomaque, petit-fils d’Asclépios (Diog. L., V, 1).
  2. Ἀναγνώστης, ὁ νοῦς (Vita Marciana).
  3. Voir surtout Élien, Hist. Var. III, 19, et IV, 9.
  4. Métaph., I, 9.