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LA RHÉTORIQUE : APHTHONIOS


sur l’enseignement bien au delà[1]. C’est à la tradition d’Hermogène, toujours puissante, que cet ouvrage se rattache directement. La Rhétorique d’Hermogène était alors le livre classique de tous ceux qui apprenaient l’art de la parole ; mais cette rhétorique ne s’adressait qu’à des étudiants déjà formés. Pour les débutants, il fallait un cours d’exercices élémentaires ; Aphthonios réussit à imposer le sien. Son ouvrage se recommande par la simplicité et la clarté, par la précision des définitions, par le choix et le nombre des exemples, sans rien offrir d’original quant à la méthode. S’il nous intéresse encore, c’est surtout parce qu’il nous montre en action l’enseignement élémentaire de la rhétorique au ive et au ve siècle. Les commentaires qui s’y rapportaient, et dont un certain nombre ont subsisté, attestent qu’il demeura dans les siècles suivants le livre que tous les étudiants pratiquaient et que tous les maitres expliquaient[2]. Il appartient ainsi à l’histoire de l’enseignement, autant ou plus qu’à celle de la littérature. — Nous avons du même Aphthonios un recueil de 40 Fables en prose, qui probablement ont été composées par lui en vue de l’école, comme modèles d’un des genres dont il est question dans ses Exercices préparatoires[3]. Ces courts récits n’ont qu’un mérite purement scolaire[4].

Apres Aphthonios, l’enseignement de la rhétorique n’est plus représenté pour nous que par des commentaires sur les ouvrages antérieurs. Tels sont ceux de

  1. Éditions modernes : Walz, Rhet. gr., t. I ; Spengel, Rhet. gr., t. II.
  2. Commentaires de Mathieu de Camara (Walz, I, 12 et II, 1) ; Scolies aldines, publiées par Alde dans ses Rhetores græci, II, 1509 ; Scolies anonymes (Spengel, Rh. gr. II, 81).
  3. Publiées au complet par Nevelet dans sa collection de Fables. Vingt-deux de ces fables, celles qui appartiennent en propre à Aphthonios, figurent dans les Fabulæ Æsopicæ de Furia, Lipsiæ, 1810, sous les nos 200 à 222.
  4. Ses déclamations, citées par Photius (cod. 133), sont perdues.