Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/1003

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
985
ÉCOLE DE GAZA ; CHORIKIOS


dialogue philosophique intitulé Théophraste, qui subsiste, et de lettres dont nous parlerons un peu plus loin[1] ; puis Procope, le plus renommé de tous, sous l’influence duquel se constitue une véritable école locale, amie des figures, des épithètes, cherchant l’élégance aux dépens du bon goût et quelquefois de la clarté[2] ; enfin Jean, poète emphatique en même temps que rhéteur (voy. plus loin). Parmi les élèves de Procope, on peut citer Nestorios, Zosime, et surtout Chorikios, qui lui succéda dans sa chaire et fut le premier orateur profane sous les règnes de Justin et de Justinien. Photius, qui l’admire fort, nous apprend qu’il était chrétien, comme d’ailleurs son maître Procope[3]. Il nous reste de lui des Déclamations (Μελέται (Meletai)), les unes complètes, les autres mutilées, et quelques Discours officiels[4]. Nous n’y trouvons guère aujourd’hui qu’une éloquence vide et prétentieuse, s’exerçant éternellement sur les mêmes sujets. Chorikios eut pourtant l’honneur de devenir, avec Libanios, un des modèles les plus étudiés dans les écoles byzantines.

Cette sophistique, bien pauvre en somme par elle-même, ne gagne guère à être considérée dans les genres

  1. Art. Aineias, 4, dans Pauly-Wissowa. Édition du Théophraste par Boissonade, Paris, 1836.
  2. Plusieurs titres de discours de Procope sont cités par les Byzantins. Photius (cod. 160) Τούτου λόγοι πολλοί τε ϰαὶ παντοδαποὶ φέρονται, ἄξιον ζήλου ϰαὶ μιμήζεος χρῆμα (Toutou logos polloi te kai pantodapoi pherontai, axion zêlou mimêseôs chrêma). Il loue particulièrement des exercices de style sur Homère, qui semblent avoir consisté à mettre en prose sous plusieurs formes les vers du poète. On a publié de lui un Panégyrique de l’empereur Anastase (Villoison, Anecd. gr. II, p. 28-45) ; reproduit avec les œuvres de Dexippe et d’Eunape, dans l’édition de Rome, 1829. Ses Lettres figurent dans les Epistolographi Græci de la collection Didot ; nous y reviendrons un peu plus loin.
  3. Photius, cod. 160.
  4. Choricii Gazæi orationes, declamationes, fragmenta éd. Boissonade, Paris, 1846. Compléments : Graux, Rev. de Philol., 1877 ; Rich. Fœrster, Mél. Graux, p. 639, et Choricii orationes nuptiales duo éd. B. Fœrster, Vratisl., 1891.