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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


secondaires qu’elle continue à susciter, et parmi lesquels il faut distinguer le roman et le genre épistolaire.

Le déclin du roman sophistique est représenté par deux écrivains, dont les dates ne peuvent plus etre déterminées que d’une manière très approximative, Achille Tatios et Chariton. Le premier est le plus intéressant, surtout parce qu’on voit chez lui plus nettement les effets d’une imitation servile, qui stérilise l’invention[1].

Achille Tatios, d’Alexandrie, a composé, sous le titre d’Aventures de Leucippe et de Clitophon (Τὰ ϰατὰ Λευϰίππην ϰαὶ Κλειτοφῶντα (Ta kata Leukippên kai Kleytophônta)), un roman en huit livres, qui procède, aussi manifestement que possible, des Éthiopiques d’Héliodore. Il date donc, au plus tôt, du ive siècle. Mais certaines ressemblances frappantes avec des passages du poème de Musée donnent à penser que l’auteur a dû être en relation avec l’école de Nonnos, à la fin du ve siècle ou même au vie siècle. Dans ce roman, le jeune Clitophon raconte lui-même son amour pour Leucippe et les épreuves qu’ils ont subies avant d’être mariés. Avec eux, nous allons de Syrie en Égypte, d’Égypte en Asie Mineure. Naufrages, enlèvements, combats avec les brigands-bouviers du Delta, nous retrouvons là tout le fonds romanesque des Éthiopiques. Comme le Théagène d’Héliodore, Clitophon est aimé passionnément d’une femme riche et ardente, qui ne peut le rendre infidèle à celle qu’il a choisie ; comme la Chariclée du même Héliodore, Leucippe, devenue esclave, voit son honneur mis en danger par son maître, mais, comme elle aussi, elle est sauvée par la protection divine. Si l’invention des faits se réduit à peu de chose, l’auteur se rattrape sur les détails. So-

  1. Suidas. Ἀχιλλεὺς Τάτιος (Achilleus Tatios). Photius, cod. 87. E. Rohde, Der Griech. Roman, p. 472. W. Schmid, art. Achilleus Tatios, n° I, dans Pauly-Wissowa. Selon Suidas, Achille Tatios serait devenu chrétien, puis évêque.