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TRYPHIODORE, KYROS


la bataille de Marathon (Μαραθωνιαϰά (Marathôniaka)), il avait composé une Hippodamie (Τὰ κατὰ Ἱπποδάμειαν (Ta kata Hippodameian)), une Prise d’Ilios (Ἰλίου ἅλωσις), une Odyssée (Ὀδύσσεια λειπογράμματος (Odusseia leipogrammatos)), qui comprenait toute la vie d’Ulysse et où il reproduisait le tour de force inepte de Nestor de Laranda[1]. Suidas lui attribue encore une Paraphrase des comparaisons homériques (Παράφρασις τῶν Ὁμήρου παραϐολῶν (Paraphrasis tôn Homêrou parabolôn)), titre obscur pour nous. La seule de ces œuvres qui subsiste est la Prise d’Ilios, en 691 hexamètres[2]. Il y raconte (après combien d’autres !) la construction du cheval de bois, le départ simule des Grecs, la ruse de Sinon, le sac de la ville. Sur ce sujet rebattu, pas une invention originale : un récit sans couleur, sec, dont le principal mérite consiste dans une certaine élégance de forme. Le style et la versification y révèlent l’influence de Nonnos et ne permettent pas de douter que Tryphiodore ne l’ait pris pour modèle.


Kyros, né comme Nonnos à Panopolis dans la Thébaïde, eut la plus haute fortune sous Théodose II[3]. Protégé par l’impératrice Eudocie qui admirait son talent, il fut préfet du prétoire de Constantinople, préfet de la ville, consul en 441 et patrice. Puis, lorsque sa protectrice se fut retirée, la disgrâce l’atteignit[4]. Dépouillé de ses honneurs et de ses biens, il dut entrer dans les ordres, devint évêque de Cotyæon en Phrygie, et vécut jusque au temps de l’empereur Léon (457-474). Suidas le qualifie de poète épique (ἐποποιός (epopoios)) ; mais il ne cite

  1. Voy. plus haut, p. 804.
  2. Édition critique annotée, de A. Wernicke. Leipzig, 1819. Même édition, revue et corrigée par K. Lehrs, à la suite de l’Hésiode, de Didot, Paris, 1839. Recension de A. Kœchly, Zurich, 1850.
  3. Suidas, Κῦρος Πανοπολίτης (Kuros Panopolitês) et Θεοδόσιος ὁ μιϰρός (Theodosios ho mikros). Cf. Évagrios, Hist. eccl., I, 19.
  4. Il semble qu’il fut encore païen alors. Suidas ((Θεοδόσιος) : Καθαιρεῖται γοῦν… ὡς Ἕλλήν καὶ ϐασιλείαν ἐλπίζων. ((Theodosios) : Kathaireitai goun… hôs Hellên kai basileian elpidzôn).