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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


aucune de ses épopées, et nous en ignorons tout jusqu’aux titres[1]. Kyros ne nous est plus connu comme poète que par six épigrammes de l’Anthologie[2]. Ces courts morceaux sont d’un homme d’esprit et d’un versificateur habile, qui a profité des exemples de Nonnos.


Colouthos était, lui aussi, un Égyptien[3]. Né à Lycopolis dans la Thébaïde, il vécut, selon Suidas, au temps de l’empereur Anastase (491-518). Le même biographe lui attribue une épopée mythologique en dix livres, la Chasse du sanglier de Calydon (Καλυδωνιαϰά (Kaludôniaka)), qui semble avoir été son œuvre principale ; une autre épopée, les Persiques (Περσιϰά (Persika)), dont nous ignorons la nature ; enfin, des Éloges en vers épiques, (Ἑγϰώμια δί ἐπῶν (Egkômia di’ epôn)). Il oublie de mentionner la seule œuvre de Colouthos qui ait subsisté, la courte épopée en 392 vers intitulée l’Enlèvement d’Hélène (Ἑλένής ἁρπαγή (Helenês harpagê)). Le titre en indique suffisamment le sujet. On y retrouve la facture commune à l’école de Nonnos, mais c’est bien la plus médiocre production de tout ce groupe de poètes : rien de plus sec, de plus froid, ni, pour tout dire d’un mot, de plus insignifiant. Le texte en est, de plus, fort altéré[4].


Entre ces pâles imitateurs, le seul qui mérite d’être appelé poète est Musée. Sa personne nous est entièrement inconnue, mais sa manière le rattache manifeste-

  1. On a vu plus haut (p. 906) pour quelles raisons il est impossible de souscrire à la conjecture de Benseler, qui lui attribuait le poème aujourd’hui anonyme Sur la guerre contre les Blémyes.
  2. VIII, 557 ; IX, 136, 623, 808, 809 ; XV, 9.
  3. Suidas, Κόλουθος (Kolouthos). Les mss. l’appellent aussi Κόλλουθος (Kollouthos).
  4. L’édition princeps est celle d’Alde, Venise, 1504. La première édition critique fut établie par Bekker d’aprés le Mulinensis. Berlin, 1816. L’édition de Stanislas Julien, Paris, 1822, avec traduction française et scolies inédites tirées d’un Parisinus, a été reproduite à la suite de l’Hésiode de Didot, Paris, 1839, par K. Lehrs, qui a tenu compte des corrections dues à Hermann (Opusc., t. IV, p. 205-207).