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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


tion à travers tout le vie siècle et au delà ; et bien qu’on soit habitué à compter plutôt ceux de ce temps parmi les Byzantins, il faut reconnaître qu’ils ne diffèrent de leurs prédécesseurs par aucun caractère nouveau. Leur art, d’une manière générale, n’est pas inférieur, non plus que leur conception du rôle de l’histoire. C’est pourquoi, sans entrer à leur sujet dans aucun détail, nous devons au moins les mettre ici à leur place, dans la série qui se prolonge par eux jusqu’au milieu du viiie siècle.

L’historien le plus renommé du vie siècle est Procope, de Césarée en Palestine[1]. Né vers la fin du ve siècle, d’abord rhéteur et avocat, puis investi de charges publiques dès le règne d’Anastase, il s’attache, sous Justinien, à la fortune de Bélisaire, qu’il accompagne comme conseiller, en Arménie, en Afrique et en Italie. Les plus hautes dignités lui échurent successivement. Il devint sénateur, puis préfet de la ville en 562. Mais sa fortune s’arrêta là. Compromis dans une conspiration et disgracié, il mourut peu après. Son grand ouvrage historique est le récit en huit livres des Guerres du règne de Justinien (Περὶ πολέμων (Peri polemôn)) ; guerre contre les Perses (Περσιϰὰ (Persika), l. I et II), guerre contre les Vandales (Βανδηλιϰά (Bandêlika)), l. III et IV), guerre contre les Ostrogoths (Γοτθἰϰὰ (Gotthika)), l. V, VI et VII). Achevés en 551, les sept premiers livres de l’ouvrage furent complétés, en 554, par un huitième livre, qui résumait toute l’histoire du règne jusqu’à cette date. Cette grande œuvre, remarquable par son ampleur, par l’étendue et la variété des informations, par la valeur, même littéraire, de certaines descriptions, est la plus importante que les derniers siècles de l’hellénisme aient produite dans le genre historique. Procope,

  1. Suidas, Προϰόπιος Ἰλλούστριος (Prokopios Illoustrios) ; Photius, cf. cod. 63 (cf. cod. 206 où, à propos du rhéteur Procope de Gaza, il atteste la renommée de l’historien son homonyme). Éd. Dindorf, Bonn, 1833-1838.