Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/1044

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1026
CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME

elle dénotait du moins de la science, de la méthode, du goût et une curiosité intelligente des choses du passé. Son plus grand tort était peut-être d’être trop savante pour son temps. Cela la condamnait à être abrégée, et elle le fut au vie siècle, comme nous venons de le dire. Cet abrégé d’Hermolaos nous en a conservé la substance, mais en la réduisant à de secs énoncés. De l’œuvre primitive, il ne reste qu’un petit nombre d’articles isolés, qui suffisent à la faire regretter[1].

VII

Cet affaiblissement de l’esprit critique, qui mène alors l’histoire profane à la plus profonde décadence, n’est guère moins sensible dans la philosophie, malgré certaines apparences, et y produit les mêmes effets.

Ce n’est pas qu’on ne rencontre encore au ve siècle des intelligences capables de dialectique, d’analyse subtile et même de puissante synthèse, par exemple celle d’un Proclos. Mais à cette philosophie manque toujours davantage le sens de la réalité. Elle ne sait plus s’attacher ni à l’étude du monde, ni à celle de l’âme ; elle a

    (voy. plus haut, p. 685) ; mais, en outre, il avait puisé, directement ou indirectement, dans les œuvres des principaux géographes et historiens (Ben. Niese, De Stephani Byzantini auctoribus, Kiel, 1873). Pour le plan, il s’était inspiré d’ouvrages antérieurs aujourd’hui disparus (par exemple, du Lex. géogr. de Clitarque d’Égine, Etym. Magn., 221-31). En matière grammaticale (orthographe et accentuation, dérivation des noms, etc.), il se rattachait à Hérodien qu’il cite fréquemment (A. Lentz, Herod. reliq., Leipzig, 1867, t. I, p. 153).

  1. L’art. Ἰβηρία, cité en entier par Const. Porphyrogénète dans son De administrando imperio, ch. xxiii, et la série d’articles qui vont du mot Δύμη au mot Δώτιον, conservée dans le ms. de Coislin (cod. Coislianus sive Seguierianus ; E. Miller, Journ. des Sav., 1838). L’article Δωδώνη est particulièrement intéressant : il a été édité par Gronovius, Leyde, 1681 et Schirlitz, Schulzeit., 1828.