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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


rement actif. Les misères de la Pentapole continuaient. Il fallait repousser les brigands, contenir les officiers impériaux, apaiser les dissentiments et les conflits de juridiction ecclésiastique. Synésios semble y avoir réussi, autant que cela était possible, à la fois par la fermeté et par la générosité. Nous lisons encore l’excommunication prononcée par lui en 408 contre le préfet de la Pentapole, Andronicos, et la lettre circulaire par laquelle il la communiquait aux autres évêques de la province[1]. Mais nous avons aussi une autre lettre au patriarche Théophile, où Synésios intervient pour ce même Andronicos disgracié et humilié[2]. On ignore la date de la mort de Synésios ; il est à croire qu’il ne vécut guère au delà de 413, car rien dans ses lettres ne paraît se rapporter à une date ultérieure. En mourant jeune, il échappa à la douleur d’apprendre la fin sanglante d’Hypatie en 415.

Ce qui subsiste de ses œuvres se compose de discours, de lettres et d’hymnes[3]. Synésios s’y montre homme d’esprit et de sens, doué d’une imagination agréable et d’un certain charme naturel, qualités un peu gâtées par le goût du temps et aussi par sa tendance aux spéculations nuageuses. Il n’aime guère la sophistique, bien qu’il en subisse malgré lui l’influence. Il plaît surtout par les qualités de son âme, par sa droiture, sa sincérité, sa générosité, son courage, et aussi par une finesse naturelle qui donne à ses jugements quelque

  1. Lettre 58. Cette excommunication, suspendue à la demande d’Andronicos, qui se soumit en apparence, fut confirmée peu après (Lettre 72).
  2. Lettre 90.
  3. Édition complète de Petau, Paris, 1633 et 1640, reproduite dans la Patrologie grecque de Migne, t. LXVI ; Synesii Cyrenaei orationes et homiliarum fragmenta, éd. Krabinger, Landshut, 1850, t. I (seul paru d’une édition qui devait comprendre aussi les Lettres et les Hymnes).