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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


rieur à eux par la valeur, tant historique que littéraire, de son récit. D’autres ouvrages d’histoire qu’il avait composés ne sont pas venus jusqu’à nous[1].

Avec Évagrios finit, à proprement parler, l’historiographie grecque ecclésiastique. C’est le temps, comme nous l’avons vu, où finissait aussi l’historiographie grecque profane. D’un côté comme de l’autre, nous aboutissons aux rédacteurs de chronologies, à Jean d’Antioche, à Jean Malalas, nommés plus haut, et, au-delà encore, à la littérature historique des moines byzantins. Il n’y a plus assez de culture d’esprit, plus assez de force de pensée dans le monde grec, pour qu’il s’y rencontre ni des écrivains capables de constituer un récit solide, ni des lecteurs capables de s’y intéresser.

X

Le même affaiblissement progressif se manifeste dans l’éloquence religieuse et dans l’exégèse. Le ve siècle a encore en ce genre d’assez grands noms, mais il en a peu ; comparé au siècle précédent, son infériorité est éclatante. Le vie siècle et les suivants s’enfoncent dans l’obscurité.

Au ive siècle, l’éloquence religieuse avait été brusquement comme soulevée de terre et portée très haut par les causes qui ont été signalées ci-dessus. Au ve siècle, elle profite encore de la force acquise, mais elle n’a plus le même élan. Les grands évêques du ive siècle, quel que fut l’emploi qu’ils fissent de leur talent, apologétique, discussions théologiques, homélie morale ou exé-

  1. Bardenhewer, Patrol., § 84, 3. L’Histoire ecclésiastique figure dans le recueil de H. de Valois, texte reproduit dans Migne, Patrol. gr., t. LXXXVI. Édition séparée, d’après la même recension critique, Oxford, 1844.