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ÉLOQUENCE RELIGIEUSE ET EXÉGÈSE


gèse, créaient vraiment des genres nouveaux, ou portaient les anciens à leur perfection. Au ve siècle, les mieux doués ne font plus que continuer des traditions, que suivre des exemples ; ils n’ont plus et ne peuvent plus avoir ni le même essor ni la même originalité créatrice. D’ailleurs, la situation est moins favorable littérairement. Le paganisme n’a presque plus d’existence sociale, plus de force de résistance ouverte. Les discussions se resserrent entre orthodoxes et hérétiques. De plus, elles perdent en importance réelle, bien qu’elles excitent toujours les mêmes passions. La tendance rationaliste qui perçait encore sous l’Arianisme est définitivement vaincue. Il ne s’agit, dans le Nestorianisme ou l’Eutychianisme, que de vues théologiques particulières, qui, acceptées ou rejetées, ne peuvent changer le caractère essentiel de la croyance. L’enseignement même de la morale chrétienne n’a plus les mêmes stimulants ; car le christianisme élimine peu à peu de la vie sociale l’élément païen, de telle sorte que la contradiction latente diminue chaque jour. Enfin, les thèmes d’enseignement moral sont constitués, comme aussi ceux de la dévotion. On n’a donc plus les mêmes efforts à faire, et, comme il arrive en pareil cas, dès que l’intelligence cesse de créer, elle s’affaiblit, en raison de ses ressources mêmes.

Deux noms seulement sortent du commun au ve siècle, dans l’éloquence, la polémique, ou l’exégèse religieuses ; ce sont ceux de Théodoret et de Cyrille d’Alexandrie. Montrons brièvement ce qui fait leur supériorité ; nous grouperons ensuite auteur d’eux tous ceux qui n’ont qu’une importance secondaire.


Cyrille naquit probablement à Alexandrie vers 380[1].

  1. Nous n’avons pas de notice sur Cyrille. Voir Photius, cod.