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CYRILLE D’ALEXANDRIE


sanctionner, malgré l’opposition des amis de Nestorios. Ceux-ci résistent encore. Cyrille tantôt les presse d’arguments, tantôt négocie avec eux. En 433, il leur fait signer une formule d’union qui met fin officiellement au schisme. Malgré cela, il continue à combattre ce qui peut subsister de résistance avouée ou inavouée, consciente ou inconsciente. Son rôle en face du Nestorianisme est fort analogue à celui qu’Athanase avait tenu au siècle précèdent en face de l’Arianisme ; avec cette grande différence, toutefois, que Cyrille, appuyé par l’autorité impériale, n’a point d’exils à redouter, point de persécutions à subir. Tout entier à sa tâche, il la poursuit pendant dix ans encore après la réconciliation de 433, et meurt en 444, ayant occupé le siège épiscopal d’Alexandrie pendant trente-deux ans.

Ses écrits très nombreux, bien qu’aujourd’hui incomplets[1], peuvent se répartir en trois groupes, selon la nature des sujets qu’ils traitent ; l’apologie générale de la religion chrétienne ; 2° discussion des opinions hétérodoxes, en particulier du Nestorianisme ; 3° exégèse, prédication et correspondance.

Le premier groupe est représenté pour nous par la Défense du Christianisme contre Julien, que nous avons eu déjà l’occasion de mentionner. Cette défense comprenait trente livres, dix pour chacun de ceux qu’il réfutait. Nous n’avons plus que les dix premiers, correspondant à un seul livre de Julien. C’est une œuvre d’argumentation serrée, savante, toujours ingénieuse, alors même qu’elle élude l’attaque, et loyale en ce sens qu’elle n’affaiblit pas les objections pour en triompher. Son plus grand tort logique est de recourir sans scrupule

  1. La seule édition comprenant toutes les œuvres est encore celle du chanoine Aubert, 7 vol. in-folio, Paris, 1638. Elle a été complétée par A. Mai et reproduite avec ces compléments dans la Patrol. grecque de Migne, t. LXVIII-LXXVII.