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HISTORIENS D’ALEXANDRE

écrits sur la philosophie, sur l’histoire littéraire, sur la géographie[1]. Nous aurons à mentionner ces derniers un peu plus loin.

Arrivons enfin à ce qu’on peut appeler la grande histoire, celle qui raconte dans leur ensemble, avec ampleur, avec éloquence, les événements les plus considérables de la vie des peuples ou des cités, l’histoire inaugurée et pratiquée par les Hérodote et les Thucydide, les Xénophon, les Éphore et les Théopompe.

Le nombre des historiens, depuis la fin du ive siècle jusqu’à Polybe, est considérable. Quiconque, n’étant pas poète, a le gout des lettres (et le nombre des lettrés s’accroît alors avec rapidité), n’a guère le choix qu’entre la philosophie ou l’histoire ; ce sont là les deux grandes routes ou passe la foule ; l’histoire, en particulier, avec ses chemins latéraux, ses sentiers d’érudition et de curiosité, attire de nombreux travailleurs. De cette production si abondante, il reste fort peu de chose. Si la substance même de ces écrits a passé plus ou moins dans les œuvres historiques postérieures, la physionomie des écrivains — à supposer qu’elle ait jamais été très distincte — s’est évanouie. Nous n’essaierons pas de la faire revivre. Il s’agit uniquement ici de donner une esquisse légère de cette activité historique, d’en indiquer les principaux objets, et d’en chercher les traits essentiels dans celui qui a été, de l’aveu de tous, le plus remarquable des historiens de cette période et de cette école, Timée de Tauroménium.

L’expédition d’Alexandre était un événement trop extraordinaire pour ne pas frapper vivement les imaginations. Les historiens devaient y trouver une matière

  1. Liste dans C. Müller, p. 227.